lundi 5 avril 2010, par
Hypoglycémie
À en juger par le titre de ce premier chapitre discographique, les Suédois de Dag för Dag cherchent manifestement à se faire huer. Autant le dire tout de suite : qu’ils ne comptent pas sur moi. Si j’ai mis le temps avant de me décider à dire du bien de leur album, c’est peut-être parce qu’il avait ce je-ne-sais-quoi d’effrayant. Pourtant, inlassablement, j’y revenais et chaque fois le plaisir était là, ou plutôt une fascination morbide pour ce rock inquiétant, livide comme du Bad Seeds, rêche comme du Kills, fiévreux comme du Suicide. Un frère et une soeur qui se baladent ainsi dans une forêt peuplée de dangers et de sortilèges, pas étonnant qu’on les compare un peu partout à Hansel et Gretel. Mais loin de se laisser séduire par l’odeur du sucre, cette fratrie-là privilégie clairement le sang et l’acidité.
Dès I Am the Assassin, la cause semble entendue : les guitares sont acérées comme des haches de bûcheron, et la voix de Sarah Snavely est hantée, sans doute par des images glauques et traumatisantes. Elle a vu le loup-garou, Sarah ; et quand la lune décroît, il prend l’apparence de son frère Jacob. À partir de Boxed Up in Pine, les deux se partagent démocratiquement le micro. Avec son timbre de croque-mitaine, Jacob Snavely fait furieusement penser à un Iggy Pop mort-vivant ; mais si la chanson parvient à s’extirper de la fosse commune, c’est grâce à son incendiaire solo de violon, un truc tellement intense qu’il mettrait le feu à un stradivarius. Wouldn’t You calme le jeu avec son moog elliptique, mais si le volcan entre rarement en éruption, dans le cratère les gaz font monter la pression.
Le soufre, palpable à tout instant (Silence As the Verb, Traffic Jam), exhale son âcre fumet et rend l’air idéalement malsain. Puis, sans prévenir, le bouchon de lave refroidie explose et s’abat en gerbes d’étincelles (Seven Stories, très nerveux, ou le terrassant Light on Your Feet). Parfois, cette énergie est canalisée, pour alimenter une machine power-pop à la redoutable efficacité. Un titre comme Hands & Knees aurait très bien pu jouer les singles pour Hole ou Veruca Salt, tandis qu’Animal propose un curieux chaînon manquant entre la verve bouillonnante de Los Campesinos ! et la punk attitude plus carrée des Pixies. Tout aussi à l’aise dans le registre blues garage – le grand dada des duos à guitares – Dag för Dag fait également fort avec The Leather of Your Boots qui, de tous les noms que j’aurais pu citer, rappelle surtout The Blackbox Revelation.
Évoquons encore Came in Like a Knife, ballade bancale mais touchante, qui conclut si bien le disque qu’on voudrait trouver le moyen d’en effacer son inutile plage bonus – un brûlot de plus, voire de trop pour la cohésion de l’ensemble. Un ensemble vraiment réussi donc, où ne surnage aucun titre particulier, ni classique instantané ni tube en puissance, mais un bloc compact qui régale de bout en bout les appétences pernicieuses. À mille lieues des démangeaisons ensoleillées qui chatouillent la plupart de leurs compatriotes, Sarah et Jacob Snavely s’enfoncent dans la pinède, sous la pleine lune. Le couteau à la main et les commissures écumantes, ils n’en ressortent qu’après avoir terrorisé la populace. Qui les remercie pour leurs forfaits, tout impatiente de goûter à la récidive.
Même si on n’est pas exactement un service public, un peu de gai savoir s’impose parfois. Le Butoh est une danse de performance minimaliste créée au Japon en 1959. La danseuse suédoise Frauke a donc demandé à sa compatriote Josefin Runsteen de créer une bande-son pour une performance et c’est ce qui constitue l’objet musical du jour.
La lisière entre les musiques électronique et classique (…)
On l’avoue, un talent féminin éclectique et un peu électronique, c’est quelque chose qui nous plait. On peut penser à Bat For Lashes, Harrys Gym, Jeanne Added, Odd Beholder ou autres et on ajoutera donc la Suédoise Annika Grill et son troisième album.
On est d’emblée mis à l’aise par un petit air de Metric dans leurs moments les plus gorgés de beats et de guitares combinées (Thinking (…)
Ce n’est pas parce qu’une artiste nous a marqués fortement qu’elle ne peut pas échapper momentanément à notre radar. Ils faut dire que si certaines de ses productions plus récentes que son album d’il y a 9 ans ne se sont pas signalées, c’est aussi parce qu’elles étaient chantées en Suédois. Et puis la toute dernière fois qu’on l’avait aperçue, c’était aux côtés de First Aid Kit pour une soirée (…)
Elles en ont fait du chemin, les Suédoises de First Aid Kit. Il y a un peu plus de 8 ans, on les découvrait dans une petite Rotonde en ouverture de Megafaun et Port O’Brien et maintenant elles jouent à guichets fermés après une expatriation réussie aux Etats-Unis. La recette marche donc et les sœurs Klara et Johanna Söderberg n’ont visiblement pas l’intention de la changer. Deux voix à (…)