vendredi 2 avril 2010, par
C’est gonflé
Il y a des noms de groupe comme ça, ils sonnent trop alambiqués pour ne pas être des side-projects. Celui-ci en l’occurrence est celui de Redboy, membre des plus connus Hollywood Porn Stars. On en retrouve le côté un peu glam’ et effronté des riffs (moins attachant ce Slow Me Down), mêlé à leur plus caractéristique son de bastringue sur la plage titulaire. Comme leurs concitoyens de Dan San, c’est une copieuse Nuit Jaune Orange qui m’avait rappelé leur existence et l’utilité de les suivre de plus près.
Cet album est le volet musical d’un concept qui comprendra un décor spécifique et des projections. On va pourtant se consacrer à la musique, parce qu’on n’est pas dans une comédie musicale, mais qu’on entend un album cohérent, chanté en anglais, ce qui atténue un peu l’attention qu’on porte aux thèmes. Le fil conducteur musical n’est pas difficile à trouver cependant.
Parce que dès déjà fort ample (et réussi) Piano Waltz avec un piano mélodique en diable, des violons en pagaille et une énergie dans l’élégie, l’enchainement des morceaux semble suivre un leitmotiv : toujours plus. Il semble que le groupe ait voulu explorer les limites du gros son. He’s Not There ménage de bons moments d’intensité. Le procédé de la répétition pour appuyer une montée est éprouvé, mais fonctionne s’il est utilisé à bon escient.
What Are You Waiting For est encore plus gonflé, et on se dit que c’est un peu une escalade. Depuis 2005, ça se traduit par une référence à Arcade Fire (comme s’ils avaient inventé le pompier). La référence cherchée longtemps pour la voix est Aqueduct. On sent dans les voix de Shine On le dédoublement typique de The Black Heart Procession et on a raison, c’est effectivement Pall qui assure les voix. Pas les explosions de violon. Le contrepoint presque obligatoire de Holy Grail semble moins gagné par la pompe ambiante (judicieux violons) mais est bientôt sommé de se mettre au pas des autres morceaux.
Il faut attendre No Self Esteem pour qu’un ton plus intime soit utilisé. Sur le début parce que la même tonalité, qui fait penser à Ghinzu (pas exactement un groupe pour feu de camp) revient. En plus langoureuse certes, mais on aurait apprécié plus que quelques secondes de respiration. Un morceau à taille humaine quoi. Et c’est ce qui frappe à l’écoute intégrale, ce souffle qui jamais ne retombe au risque de friser l’overdose de lyrisme.
Donc fatalement, ça manque un peu d’intimité. Et de variété aussi, ce qui semble contredire le point de départ conceptuel de l’album. Ces petites restrictions pour préciser qu’ils n’ont pas (encore ?) la consistance soyeuse et mélancolique d’un Get Well Soon, ni leur émotion supérieure.
Le son des groupes provenant des Etats-Unis ou du Canada est souvent bien plus rêche que ça. Etrange donc comme beaucoup de productions du versant francophone de notre plat pays font dans le clinquant. Ghinzu, bien sûr, mais aussi Piano Club (groupe d’un autre membre des Hollywood Porn Stars) dont on reparlera. J’ai aussi pensé à Venus avec qui ils partagent la même tenue soignée, et une austérité d’apparence, la même ambition. On retrouve certaines intonations sur What The Devil Says, la même volonté d’approcher l’inégalable David Eugène Edwards. Pour les groupes belges, on est toujours sur la corde raide entre presse unanimement laudative et confondant parfois information et promotion et un nombre assez surprenant de ronchons pour qui toute sortie nationale est un défouloir à frustrations. Gageons cependant que cet album assez hors normes et se donnant les moyens de ses ambitions puisse élargir le rayonnement de ce groupe qui prend provisoirement la première place du classement national.
Cet album ne se laissera pas aller à la modestie, c’est l’hypothèse de départ. Maintenant à vous de vous situer par rapport à cette profusion. Etrangement, je dois dire que j’ai été sensible à cette tellement manifeste volonté de bien faire. Mais je peux aussi admettre qu’un tel déploiement de moyens flanque un peu une indigestion. Mon estomac ayant positivement réagi, je recommande avec les précautions d’usage.
C’est un chant doux et du piano qu’on entend sur le beau Mater qui lance cet album. Puis les choeurs évoquent plus le classique contemporain. Ce premier brillant morceau fait plus que planter le décor, il anticipe la diversité de ce qu’on entendra sur le sixième album de la musicienne Belge Valérie Leclerc.
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