dimanche 23 mai 2010, par
,Plus c’est long plus c’est long
C’est une statistique que je n’ai pas encore essayé d’obtenir, mais le nombre de sociétaires des classements des années précédentes est assez important. En bonne place du millésime 2007 figurait LCD Soundsystem. James Murphy, la tête pensante de ce projet. L’annonce que cet album serait le dernier éveilla un petit regain d’intérêt (il n’y en avait clairement pas besoin).
Dance Yrself Clean est une introduction trompeuse. Les trois premières minutes sont en effet assez dépourvues en moyens, en beats et en enjeu. Mais on retrouve très vite une accélération qui nous laisse entrevoir des jours meilleurs. Et puis, on n’est pas décontenancés, c’est toujours un post-punk dans le sens le plus littéral du terme. Avec son énergie, sa tension.
On sait que James Murphy a une grande culture musicale. Il ne faut sans doute pas chercher plus loin pourquoi on a l’impression que le single Drunk Girls (seul morceau un peu court sur cet album, on en reparle dans un instant) est une réactualisation de classiques comme White Light/White Heat du Velvet ou qu’All I Want est une remise au goût du jour du Heroes de Bowie. Sans doute cet hommage ne dépasse-t-il pas le stade de l’anecdote et ce dernier morceau aurait gagné à plus de concision. La mélodie tient la route mais le gimmick se révèle lassant. Dans le genre rock classique, ça m’évoque plus l’ennui respectueux ou admiratif de Kraftwerk que la tension et la folie de Can qui sous-tend pourtant toute la discographie de LCD Sounsystem. Dans les lointains cousins défricheurs, il faut encore citer les Talking Heads (Home).
Mais le plus inquiétant, c’est qu’on retrouve aussi plein de références à leur propre discographie, des morceaux qui semblent sortis du même moule que de plus réussis anciens. Pour One Touch par exemple, on retrouve l’artillerie lourde d’un Get Innocuous, la voix de Nancy Whang, la claviériste y compris. Notre avis sur celui-ci : le Jury n’a pas encore rendu son verdict. Murphy se base toujours sur le principe de répétition/variation que tout connaisseur sait apprécier. Mais c’est toujours une barque difficile à naviguer entre la désorganisation et l’ennui, exacerbé ici par la longueur des morceaux. Tendus comme des arcs, ils semblaient naguère diluer leur énergie pour mieux se l’approprier.
Mais ici, pour être complètement honnêtes, ces morceaux presqu’uniformément interminables gâchent un peu le plaisir d’écoute. On connaissait déjà cet étrange penchant sur les remixes de DFA.
Cette longueur impose son propre rythme d’écoute et fonctionne souvent pour faire passer cette combustion lente. Enfin, devrait plutôt parce que certains titres nous ont quand même fait regarder notre montre (Somebody’s Calling Me).
Ce qui manque à cet album, ce n’est pas les bons morceaux, parce qu’ils le sont tous un peu, mais une tuerie sans discussion, du calibre du Yeah, Someone Great ou All Of My Friends. Dans un genre qui vise l’exultation, la pamoison des corps, c’est un manque certain. Pow Pow semble être ce qui s’en rapproche le plus, avec une filiation évidente avec Losing my Edge, de par sa prose introspective à la première personne. James a d’ailleurs toujours plein de choses à nous dire. Dans l’absolu ce n’est pas toujours positif, vous le savez si vous avez déjà vu Faithless Live. Mais dans le cas de James, ses longs monologues sont souvent inspirés et donnent une importance aux paroles qui n’est pas la norme du genre. Cette singularité est une des raisons de notre attachement mais on le ressent moins ici.
Il y a toujours cette part d’impondérable à voir LCD Soundsystem réussir ce que tant d’autres ratent ou réussissent moins bien. Cette fois-ci, même si la réussite est bien moins patente que pour les essais précédents, la science du son est toujours intéressante. Pourtant, ce fleuve de son compact et solide est un peu trop long et tranquille pour que cette fin de carrière annoncée soit le feu d’artifice espéré. Et ces morceaux interminables semblent manquer d’ouverture au monde extérieur.
Une certaine distance vis-à-vis des artistes qui sont critiqués ici rend incongrue la proximité géographique. 1480 est un morceau ici mais aussi un code postal. Y a-t-il une école wallonne de la turbulence ? Si on se réfère à La Jungle et ceci, ce n’est pas impossible. Est-ce une coïncidence s’ils font tous deux partie du catalogue Rockerill ? Nous ne le pensons pas.
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