samedi 15 mai 2010, par
Euphorie placide
Evidemment, rien n’est plus difficile que de donner un successeur à un premier album brillant. Et la tache de Foals à l’entame de ce second album était tout sauf facile. Comment ont-ils négocié ce virage tellement délicat ? Comment allaient-ils gérer un assagissement qui allait presque de soi ? Voilà les enjeux de l’écoute, voilà le contexte de l’article.
La voix du premier morceau ressemble presque à du Band Of Horses. La souvent inévitable entrée de la section rythmique venant évidemment tempérer la ressemblance mais on ne peut pas dire que leur énergie si hypnotique est imposée d’emblée. Un tempo plus lent sur Miami fait plus ressortir les influences années ’80 mais plus dans la new-wave un peu molle que dans le post-punk fiévreux qui avait tant plu. Ce sont ces quelques titres un peu nonchalants qui semblent inutiles, et comme ils sont placés pour la plupart en début d’album, ils ne réconcilient pas facilement avec ce Total Life Forever.
A l’instar des versions instrumentales du premier album qui ont circulé, on a peur de cette version assagie, pas désagréable, mais comme un Talking Heads calmé. Ca groove gentiment mais quand on a apprécié leur incandescence, on reste sur sa faim. Le désir d’évoluer est plus que légitime et ce n’est pas vers un son bigger than life qu’ils se sont dirigés. On avait déjà perdu Bloc Party (appréciation purement personnelle), on est donc content de ne pas les voir emprunter le même chemin. Pourtant, c’est à la bande de Kele Okereke qu’on pense sur This Orient avec la même ampleur, les mêmes répétitions. C’est à partir de ce moment-là de l’album qu’on a l’impression qu’ils se retrouvent un peu.
On retrouve à plusieurs endroits leurs habituels morceaux ambivalents, se densifiant sur la fin (Black Gold), mais de façon plus rêveuse et sans l’incroyable énergie potentielle de leurs prédécesseurs. Spanish Sahara présente une de ces montées euphoriques assez irrésistibles. Il faut dire qu’il commence très lentement, laissant plus de latitude. After Glow est aussi très bien, hypnotique après un démarrage moins lymphatique que d’habitude. Un Alabaster n’est plus monté en neige comme il l’aurait été auparavant. Quant à 2 Trees, il se place dans la continuité des délires de Thom Yorke.
Pour qu’un album nous enflamme, il faut qu’on ressente quelque chose, qu’un élément, à un moment donné, nous fasse dresser l’oreille. Et il faut être honnête, l’attention est parfois captée avec conviction. Mais de façon trop éparse pour qu’on puisse classer cet album dans les indispensables du moment. Foals se cherche visiblement encore un peu, ne sait pas trop comment il va canaliser son énergie.
Cet album évite l’écueil de la redite du premier en version essoufflée. Il n’est pas vraiment pareil donc, et un peu décevant de prime abord. On se gardera pourtant d’enterrer ce jeune groupe apparemment en pleine mutation parce qu’il y a bien des pistes intéressantes. Tout au plus regrettera-t-on quelques morceaux inutiles et quelques tempos trop mous pour leur fougue.
Une certaine distance vis-à-vis des artistes qui sont critiqués ici rend incongrue la proximité géographique. 1480 est un morceau ici mais aussi un code postal. Y a-t-il une école wallonne de la turbulence ? Si on se réfère à La Jungle et ceci, ce n’est pas impossible. Est-ce une coïncidence s’ils font tous deux partie du catalogue Rockerill ? Nous ne le pensons pas.
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