samedi 1er mai 2010, par
Sans arguments
Méfiez-vous de ce type. Ils ne sont pas si nombreux, les gens qui arrivent à trouver ainsi l’alchimie, la formule magique. Je ressasse à longueur d’articles cette rengaine : quand on a peu de moyens, il faut avoir des idées. C’est valable dans toutes les formes d’art, et à plus forte raison les arts mineurs. Dans les annales pop et rock, il n’y a plus assez de papier recyclé pour recenser les copycats, parodistes d’autrui ou d’eux-mêmes, qui se sont faits maîtres de la poudre aux yeux, ceintures noires de l’esbroufe, pour masquer sous trois couches de vernis leur affligeante banalité.
Et puis de temps à autre débarque – de nulle part pour bien faire – un gugusse qui a tout compris, quelqu’un qui possède ce truc en plus, ce truc en plume – ou en tout cas au bout de la sienne – et qui sait trousser de vraies chansons avec une guitare et un vieil ordi. Ça s’appelle le génie mélodique : ça ne se trafique pas, ça ne s’achète pas, ça peut tout au plus se plagier et c’est heureusement interdit.
Darwin Deez n’est pas le seul seigneur de cette race, on énumère régulièrement ses congénères ici ou dans d’autres pages recommandables. Leurs noms ? Troy Von Balthazar, Jay Reatard ou Jonny Polonksy (pour ceux qui s’en souviennent). Darwin Deez n’est pas non plus le messie, même s’il en a furieusement la dégaine. Mais son premier album qui, en dix titres aussi concis qu’emballants, décline les mêmes deux ou trois accords sur fond de boîte à rythmes fauchée et de claps lunatiques, montre que les petits artisans font parfois des artistes majeurs.
Impossible de tirer une chanson du lot tant l’ensemble est compact et exploite à fond le concept des variations sur un même thème. On épinglera alors les petits détails qui font la différence : le refrain irrésistible d’Up in the Clouds, le falsetto de Radar Detector, la langueur hyper sensuelle de Bed Space, les chœurs finauds de Constellations. Sinon, Deep Sea Divers est ma préférée et je n’ai aucun argument à faire valoir. Voilà juste un grand petit disque, dont je n’attendais rien au départ et qui ne quitte plus ma platine. Pourquoi en dire plus quand on peut faire simple ?
Critique dialectique (le retour)
Ce texte fait suite (et probablement fin) à un précédent dialogue imaginaire paru il y a un an. – Tiens, salut. Ça fait longtemps, dis donc.
– Bof, pas tellement. C’était l’année passée, tu te souviens ? On avait discuté du cas Best Coast, je crois.
– Pfiouuuu... un an seulement ? J’ai l’impression que ça fait une éternité, moi, qu’on s’emballait pour (…)
Au Feu !
Parmi les gens qui ont mon respect indéfectible, je compte ceux qui ont le courage de lancer des structures, des labels pour que des artistes aient la chance de trouver leur public. Dans les cas de proximité, citons, parce que c’est bon, Jaune Orange, Depôt 214, Spank Me More ou Cheap Satanism. Quand une production de ces derniers arrive sur la platine, on se doute que ça ne sera (…)
Tonique
On nous bassine souvent avec les propriétés stupéfiantes des diverses boissons énergétiques inondant le marché, héritières légitimes des potions et autres élixirs que les charlatans ambulants, depuis leur roulotte convertie en podium, vendaient par caisses entières dans le vieux far west. Les bonimenteurs d’aujourd’hui, à grands renforts de promotions télévisées, voudraient à leur (…)
Mission from God
Formé en 1999 et originaire de Brighton, The eighties Matchbox B-Line Disaster pratique un style qualifié de psychobilly, une sorte de heavy rockabilly d’allumé total. Après deux LP sortis en 2002 et 2004 (l’excellent “Horse of the dog” et le magnifique “The royal society”), le groupe mené par le chanteur Guy Mcknight perd sa maison de disque et reste dans un silence total (…)