Accueil > Critiques > 2010

Wovenhand - The Treshingfloor

vendredi 2 juillet 2010, par marc

Amen


Dans la grande série des artistes insensibles au changement, qui considèrent que répéter l’intensité album après album est la seule quête valable, il faut citer obligatoirement David Eugene Edwards. Que ce soit avec 16 Horsepower jadis ou Woven Hand maintenant, il trace son sillon dans le même lopin. Mais comme son lopin a la taille d’un continent…

Behind Your Breath reprend tout ce qu’on aime chez eux, le son compact, ces guitares languides, ces poussées de fièvre, ce contrôle du frisson. C’est comme rentrer dans une maison familière en constatant que rien n’a changé, que même les hôtes n’ont pas pris une ride. A un tel point que même en ayant passé l’album précédent par distraction ou paresse, rien n’a changé.De façon très curieuse, j’ai tourné autour de cet album avant de me laisser aller, alors que je suis 16 Horsepower (le plus intense groupe d’avant) depuis presque 15 ans. Et puis la découverte récente de Lilium et les critiques positives (ici par exemple) ont fini par me convaincre.

Bon, il faut aussi admettre qu’on va entendre ‘lord’ toutes les trois phrases et que le vocabulaire de la damnation et de la rédemption est utilisé dans les grandes largeurs. Ces prêcheurs sombres (Edwards mais aussi Nick Cave) ne restent supportables que dans leur langue. Traduisez littéralement A Holy Measure et mettez-le dans la bouche de n’importe quel chanteur francophone et vous fuyez. En tous cas, je pense que je fuirais.

Même si le respect qu’ils m’inspirent est toujours aussi grand, mais il faut aussi avoir la lucidité d’admettre que tout n’est pas renversant sur cet album. Il y a (et c’est nouveau pour moi) des morceaux un peu plus lisses, qui en deviennent bien moins intéressants (Denver City). Mais c’est une exception puisqu’on a encore largement l’occasion d’admirer une plage titulaire plus majestueuse ou d’apprécier la profondeur encore plus palpable de Singing grass. Le début de Thruth pourrait être celui d’un morceau de The Cure. Cette ressemblance ne m’avait jamais effleuré auparavant

Il faut admettre une fois pour toute que rien ne change, que rien ne peut changer, que rien ne doit changer. Presque tous les morceaux de Woven Hand sont interchangeables, c’est une règle de base. Une fois admis ce postulat, il n’y a plus qu’à replonger avec délices dans une habitude qu’on n’est pas près d’abandonner.

http://www.myspace.com/wovenhand
http://www.wovenhand.com/

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

4 Messages

  • Wovenhand - The Treshingfloor 2 juillet 2010 13:35, par Benjamin F

    C’est vrai qu’il y a quelques passages plus lisses qui en font un album mineur (mais très bon) de sa discographie.

    (Merci pour le lien^^)

    repondre message

  • Wovenhand - The Treshingfloor 10 juillet 2010 18:08, par vince

    Si "truth" te fait penser à Cure c’est que c’est une reprise de New Order : pas de hasard.
    D’accord avec toi sur l’aspect plus lisse de cet album quel’on retrouve également sur scène ou David parait moins intense. Moins de distorsion, plus de douceur longue et triste mais toujours très mormon.

    repondre message

    • Wovenhand - The Treshingfloor 19 juillet 2010 18:55, par le cousin de la reine de trèfle

      sans doute le musicien le plus habité qui soit, même "en acoustique" ... Trés au dessus de Nick Cave, à mon avis ; enfin, je ne suis pas d’accord sur cette impression de continuité que vous remarquez ; musicalement plus proche de Secret South, surtout plus apaisé que les derniers Woven Hand , et c’est bien : l’incandescence n’est pas forcement nécessaire .
      Cet album atteint souvent les hautes sphères, chapeau Mr D.E.E. !
      Bon été à tous

      repondre message

      • Wovenhand - The Treshingfloor 24 juillet 2010 11:05, par Marc

        Evidemment, il y a des différences, une évolution dans sa grosse quinzaine d’années d’activité, mais plus électrique ou plus acoustique, sa façon de faire reste très typique et reconnaissable. C’est vrai qu’il peut mettre de l’intensité dans presque n’importe quoi, et que l’énergie n’est même pas indispensble pour qu’il nous donne des frissons.

        Bonnes vacances !

        repondre message

  • Ella Ronen – The Girl With No Skin

    Fuck Cute/I’m Tired of Cute/Cute has never served me
    Il ne faut pas se laisser tromper par la délicatesse d’Ella Ronen. Si on est séduit d’emblée par les plaisirs doux qui ne sont pas sans rappeler ceux de Marie Modiano (référence ancienne on en convient...), la jolie voix propose une écriture plus profonde, sans doute parce qu’elle repose sur un substrat qui a son content de drames.
    Une des (...)

  • Tomasso Varisco – These Gloves

    Les amis de nos amis (même récents) deviennent bien vite nos amis. En découvrant Stella Burns il y a peu, on ne savait pas que d’autres artistes se cachaient derrière comme Tommaso Varisco auquel Stella Burns prête ici main forte. Si ceci est moins marqué par l’americana mais c’est évidemment ce genre de terreau qui l’inspire. On est donc invités dans un road trip. Mais pas sur la route 66, ce périple (...)

  • Stella Burns - Long Walks in the Dark

    L’influence culturelle des Etats-Unis est telle que même les plus endémiques de ses expressions sont reprises partout dans le monde. Le cas de l’Americana est assez typique, on en retrouve des partisans tout autour du globe et c’est d’Italie que provient celui-ci, nommé Gianluca Maria Sorace mais officiant sous le nom de Stella Burns.
    Sa voix est belle et claire et reçoit aussi le renfort de Mick (...)

  • Harp - Albion

    Si le nom de Harp n’a jamais été évoqué ici, on connait bien l’instigateur de ce projet qui n’est autre que Tim Smith. Lui qui fut jusqu’au sublime The Courage of Others chanteur de Midlake a en effet quitté le groupe de Denton, Texas depuis belle lurette pour se lancer sur un autre chemin, accompagné de son épouse.
    Cette division cellulaire est un peu semblable à celle de Menomena qui a continué sa (...)