Accueil > Critiques > 2010

Joy As A Toy - Valparaiso

lundi 7 juin 2010, par marc

La danse du neurone


En assez peu de temps, le petit label Cheap Satanism est arrivé à faire sortir du bois quelques formations atypiques. Evidemment, ils me tiennent bien au fait de leurs productions, mais on peut dire qu’avec Keiki, Mrs Okkido ou Trike, je n’ai pas eu à me plaindre. Ils ont cette fois dégotté un trio composé de Gilles Mortio, Clement Nourry et Jean Phillipe De Gheest qui est bien décidé à ne pas se laisser imposer quoi que ce soit. On me souffle que ce sont d’excellents musiciens et c’est ce qu’un concert m’a confirmé. Et puis il en faut de la maitrise pour sortir un 12345.

Dans une courte période de ma folle jeunesse, je me suis frotté au rock ‘alternatif’. Ce qui se trouvait sur les cassettes démos était neuf fois sur dix presque inécoutable (dans les deux acceptions du terme). Maintenant, des groupes aussi bien fichus que celui-ci peuvent passer inaperçus. Je ne suis pas un redresseur de torts mais j’ai toujours estimé que mon rôle consistait à organiser la rencontre entre un groupe et un auditorat. A vous de voir donc si vous allez vouloir un premier rencart.

Le label arrive toujours à sortir de chouettes étiquettes. Cette fois-ci ce sont les termes de vampire rock et tennis-pop qui ont été lâchés. On n’apprend donc toujours aussi peu sauf que c’est difficile à classer. On sent la grande liberté du projet, qui leur permet d’alterner morceaux plus syncopés et petites douceurs comme Call Me Holly ou Hésitation (plus réussi). Sea Of Love combine les deux, ce qui en fait un morceau lent et un peu imprévisible. Ce n’est pas le plus agréable donc. Comme toutes les formations un peu atypiques, on peut y accoler encore bien des termes. De la kraut-pop, math-pop. Pop parce que le son est doux, non distordu. Parfois proche du délire d’un Xiu Xiu sans le terrorisme et la voix très typée.

Le rythme est souvent ce qui tient les morceaux debout, comme Valparaiso. Il y a aussi du vibraphone un peu partout, ce qui donne un air plus policé à bien des morceaux. Des voix nunuches décalées par rapport au propos (Deep In Your Ass), c’est souvent mieux que le contraire (que personne ne pratique, du reste). Il y a d’ailleurs sur ce morceau quelques moments de bravoure guitaristique. Il est symptomatique de constater que ces moments-là ne peuvent se concevoir qu’au second degré de nos jours. Comme ce moment « série Z » sur le poétiquement nommé L’Attaque Des Vampires Suceuses De Sang.

Bien balancé entre une pop qui part dans plein de directions et un humour qui leur fait garder la tête froide, Joy As A Toy est bien plus qu’une diversion de musiciens doués, un petit ovni musical qui vous fera secouer les neurones en rythme.

http://www.myspace.com/joyasatoy
http://www.cheapsatanism.com/

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

4 Messages

  • Joy As A Toy - Valparaiso 7 juin 2010 10:17, par Cheap Satanism Records

    Juste une petite correction : Mrs Okkido n’est pas sorti sur Cheap Satanism Records. C’est sorti sur b.y_records, label derrière Le Baron 5, Turner Cody et Stanley Brinks, avec qui le fondateur de Cheap Satanism Records collabore également. C’est néanmoins grâce à Mrs Okkido dans lequel jouait Gilles Mortio et Clement Noury, que Cheap Satanism Records a déniché Joy AS A Toy.

    repondre message

  • Joy As A Toy - Valparaiso 7 juin 2010 12:14, par mmarsupilami

    Je m’en veux un peu, mais j’avais déserté rapidement leur concert de l’Atelier Clause. D’une part, il était tard et il restait de la route à faire. D’autre part, je n’aurais guère été réceptif après la prestation d’Extra Life. Bref, des circonstances indépendantes de la qualité du groupe, donc. Je vais écouter le disque sans faute...
    La petite réponse en-dessous m’apprend indirectement que Turner Cody a donc publié un nouvel album, ce qui est à priori une bonne nouvelle...

    repondre message

    • Joy As A Toy - Valparaiso 9 juin 2010 17:40, par Marc

      @Cheap Satanism

      Comme j’ai eu tous ces albums via le même canal, je me suis un peu emmêlé les pinceaux. On a profité de ces précisions pour apprendre des choses en tous cas, merci pour la remarque.

      @mmarsupilami

      J’imagine bien qu’après Extra Life la concentration prenne un coup dans l’aile. En parlant de ça, j’ai eu l’occasion de les voir malheureusement, j’étais trop bourr... heu... pas assez attentif pour en livrer plus qu’une impression positive non argumentée...

      repondre message

  • Mr Diagonal - Join the Dots

    Si le Bruxellois d’origine écossaise Dan Barbenel a décidé d’officier sous le nom de Mr Diagonal plutôt que Mr Lignedroite, c’est sans doute parce qu’il sait que son écriture a tendance à prendre la tangente, ce qui nous avait déjà plu. Pour augmenter la confusion, ces enregistrements de morceaux composés depuis 2018 est présenté comme un accompagnement de son one-man-show qui sera présenté à (…)

  • Islands – What Occurs

    Kate Nash, Menomena, The Decemberists et maintenant Islands avant bientôt Bright Eyes, il faut se pincer pour ne pas se sentir quinze and en arrière. Mais bon, comme ce sont de bons souvenirs et que tout le monde est dans une forme créative manifeste, on ne va pas bouder son plaisir.
    Dans le cas du groupe Canadien, ce n’est pas exactement un retour vu qu’ils sont dans une période plutôt (…)

  • Bat For Lashes - The Dream of Delphi

    On ne pourra jamais reprocher à Natasha Kahn d’enchainer des albums identiques. Après le plus synthétique et clairement teinté eighties Lost Girls, la revoici avec un album vaporeux et presque ambient par moments. Peu de morceaux se détachent lors des premières écoutes, ce qui est habituel. Il a par le passé fallu des prestations live pour pleinement appréhender certains albums. Il faut dire (…)

  • Fat White Family – Forgiveness is Yours

    La subversion, en rock, ne passe pas nécessairement par les hurlements et les guitares déchainées. Et une dose de subtilité ou de décalage permet souvent d’obtenir le maximum d’effets. Si on avait attendu le wagon Serfs Up ! pour rattraper le train de Fat White Family, le mélange de morceaux amples, ronds et plaisants et d’un propos plus acide avait énormément plu.
    Ce digne successeur (…)

  • Clemix – Endorphine

    Noyé dans un flot continu de sorties et d’envois, on a sans doute du mal à évaluer l’effort insensé requis pour sortir un album. Si on a attendu entre les EP et cette collection plus complète qui sort chez La Couveuse, le temps a fait son œuvre et visiblement poli le propos de la Belge Clemix. Ce qui marchait par surgissements s’est mué en style, avec un album paradoxalement plus constant que (…)

  • Auguste Lécrivain - Miranda

    On avait parlé d’un premier album sensible du jeune artiste belge Auguste Lécrivain. Si vous avez écouté (c’est bien), sachez que l’évolution est manifeste. Exit la chanson française ‘canal historique’, exit les tentations bossa, voici le temps d’un groove plus en phase avec son époque. Plus qu’un ravalement de façade, on peut parler de reconstruction, mais avec les matériaux d’origine. Un (…)

  • Asia – Le Temps d’Aller Mieux (EP)

    A l’époque d’un premier album aux teintes folk en anglais qui nous avait beaucoup plu, quelques morceaux sortis discrètement (ou pas officiellement) avaient ouvert la voie vers la langue maternelle de la jeune Bruxelloise. On en avait brièvement parléd’ailleurs, manifestant une curiosité certaine. Le résultat est maintenant là, et on peut déjà dire qu’il plait aussi.
    Comme souvent, le (…)

  • Oootoko - Oootoko

    l y a plusieurs expressions qui attirent immédiatement notre attention. Et big band n’en fait pas vraiment partie. Mais il faut reconnaitre que les effectifs pléthoriques sont aussi une belle façon de susciter l’ampleur. C’est précisément ce qui rend Oootoko immédiatement sympathique.
    Impossible donc de valablement tenter le jeu des étiquettes. Même le terme générique de ’musique (…)