Accueil > Critiques > 2010

Crystal Castles - S/T (II)

mercredi 18 août 2010, par Fred

Easy Listening


Deuxième album pour le duo mixte Canadien Crystal Castles, Alice Glass et Ethan Kath : Alice à la voix et Ethan aux ... boutons.
Oui, encore une fois, ce sont des Canadiens qui squattent nos chroniques, après Stars, Tokyo Police Club, Metric et ceux qu’on ne présente plus, Arcade Fire,
On l’a déjà dit, et on le répète encore, il se passe quelque chose dans ce pays !
En tout cas, le moins qu’on puisse dire est que la scène musicale canadienne est dynamique et multiple.

Cet album "Self Tittled" succède à un album déjà lui même "Self Title", ce qui donnera la migraine aux obsédés du classement et aux vendeurs de musique en ligne....
Ce premier album nous faisait les considérer comme une sorte d’expérience sonore faite de sons 8-bits vintage, des crissement, et de distorsion parsemés ça et là de notes de chant d’Alice.
Et au delà des polémiques et des histoires de plagiat, cet album nous avait déjà fort plu.
Le constat sur ce deuxième album est assez semblable : On passe ici du plus mélodieux Celestica, au plus aride et distordu (le bien nommé, fainting spells) en quelques instants. Cet album c’est un peu le grand écart pour nos oreilles. Mais contrairement à son petit frère, la balance ici penche plus du côté du mélodique que du côté des crissements brutaux. La Voix d’Alice chante plus souvent qu’elle crie. Maturité ou phase transitoire, l’avenir nous le dira.

Dans la cétégorie des douceurs, on trouve des trucs qui marchent forcément comme Celestica ou Suffocation : une voix féminine, un backing harmonieux et intelligent. On penserait à la collaboration de Ellen Alien et Apparat en 2006 ou encore plus loi au Moan de Trentemoller.

Les sons 8-bit de la scène chiptune sont bien toujours de la partie. Dans la continuation du son du précédent album, l’obsédant Baptism les laisse s’exprimer dans leur expression la plus pure avant de leur ajouter une bonne dose de nappes distordues, façon Headbanger.

On retrouve également le découpage dans la pistes vocale déjà utilisé sur le précédent opus sur Vietnam et ici utilisé avec une circonspection qui permet de ne pas rendre le procédé redondant.

Autre morceau choisi, Empathy est moins direct mais tout autant réussi. Chant en retrait, onirique et introspectif. Le tempo se pose.
De même sur Violent Dreams, qui lui s’emble carrément s’assoupir dans son manque d’enjeu.

A l’autre bout du spectre des sensations, certains morceaux vont jusqu’à tester les limites de notre patience (Doe Deer). Heureusement ils sont rares.
Ce type de musique expérimentale ne pourra qu’évoquer Health, avec lesquels ils avaient d’ailleurs collaborés.

Bon et puis, on ne peut pas ne pas vous parler d’un truc comme Intimate qui sent le tube à plein nez. Un titre quasiment instrumental, avec une rythmique sans fioriture, fonctionnant sur répétition dans un concept proche du minimal.

Et sur un dernier pied de nez, l’album se clôture en douceur sur I am of Chalk et ses notes résonnantes et vibrantes, enrobées de parasites. Troublant.

Crystal Castle confirme le bien qu’on pensait d’eux.
Loin de la supercherie que certain avait suspectée, Crystal Castles est un véritable groupe. Entre deux extrêmes, les deux Canadiens montrent surtout leur capacité à digérer leurs influences et à écrire des chansons qui dépassent les gimmicks sonores venus les agrémenter plutôt que de les définir.

    Article Ecrit par Fred

Répondre à cet article

4 Messages

  • Crystal Castles - S/T (II) 19 août 2010 10:34, par Benjamin F

    Non seulement, ils confirment qu’il s’agit d’un vrai groupe (même si perso je n’en doutais pas) et en plus ils signent peut-être ce qui sera l’album electro-punk de l’année.

    repondre message

    • Crystal Castles - S/T (II) 19 août 2010 22:40, par Marc

      Pour ma part, j’ai eu un peu de mal à complètement succomber mais c’est vrai qu’ils sortent d’une hype passagère pour s’inscrire dans la longueur. Sinon, il y a quoi comme electro-punk en 2010 ?

      repondre message

      • Crystal Castles - S/T (II) 24 août 2010 10:50, par seb (un autre)

        la daube des chemical brothers :)

        repondre message

        • Crystal Castles - S/T (II) 24 août 2010 14:53, par Laurent

          Pas très punk, non ? À la limite, les Foals quand ils veulent, les Klaxons aussi (critique imminente). Enfin si on veut. Sinon, Boys Noize c’est plutôt jouissif (ou c’était déjà l’an dernier ?). Et ces grosses taches de Pendulum, ni electro ni punk, juste consternant.

          repondre message

  • Baby Volcano – Supervivenxia (EP)

    Notre hobby consiste à tenter de comprendre. Parfois. Souvent aussi, il consiste à se laisser emporter et à encourager à le faire. Humus n’est pas un label d’easy-listening, on le savait déjà. La découverte du décapant single Knock Down l’a encore confirmé. Rentre-dedans comme il faut, il plante le décor et on s’attend à un déferlement de haute énergie. Mais en poussant plus loin l’écoute de (…)

  • Yann Tiersen – The Liquid Hour/Rathlin From a Distance

    Yann Tiersen est un artiste qu’on croit connaitre depuis longtemps, mais qu’on a aussi appris à redécouvrir régulièrement depuis un peu plus d’un quart de siècle. De la valse aux confins du post-rock en passant par l’électronique analogique et le piano solo, il a beaucoup essayé avec un bonheur certain. Cet album-ci n’explore pas une nouvelle piste, mais deux. Vous pouvez même choisir l’ordre (…)

  • Marie Davidson – City of Clouds

    En général, les mailing-list d’artistes sont des outils d’information, une indispensable source pour les sorties et les tournées. Parfois on a un lien privilégié avec les pensées des artistes, certain.e.s se révélant brillant.e.s dans l’exercice. On songe à Emily Haines de Metric ou Marie Davidson. Entre blog introspectif et histoires éclairantes, ces messages plus ou moins réguliers (…)

  • Kompromat - PLДYING / PRДYING

    Que le projet de Vitalic et Rebeka Warrior s’inscrive dans la durée, ce n’était pas nécessairement écrit dans les étoiles après un premier album remarqué. Il reposait sur sur quelques axiomes comme l’emploi fréquent d’un allemand de cuisine qui laissait à penser que c’était un projet né d’une envie particulière. Et non, les revoici avec sous le bras un second opus plus consistant. Avec une (…)