mercredi 23 juin 2010, par
Comme du tricot
Il y a des périodes comme ça, où les sorties semblent un peu diminuer leur rythme effréné et où on se risque plus volontiers à tenter des artistes Laurent émettait l’idée il n’y a pas si longtemps, que l’indie, il fallait trouver autre chose à écouter. L’idée est plaisante, et mérite d’être considérée, mais ce n’est pas encore cette fois-ci qu’on va échapper à certains poncifs du genre.
C’est dans un isolement imposé chez sa mère en banlieue que Mike Hadreas, la seule personne derrière Perfume Genius a enregistré son premier album. Des voix un peu passées à l’aspirateur semblent d’ailleurs rappeler cette genèse éclairante. Le résultat, disons-le résultat n’a pas toujours la brillance d’un Bon Iver qui avait aussi choisi la solitude. J’aime aussi penser qu’il a été interrompu dans ses enregistrements parce qu’il devait aller souper.
Joyeux joyeux ce n’est donc pas mais cette façon très convaincante de poser ses sentiments sans complaisance me plait. Pour ceux qui ont apprécié des artistes aussi primesautiers que The Antlers, de petits youpis vont leur échapper. J’en connais aussi qui auront émis un bâillement dès avant la fin de la lecture de cet article. Je vous connais bien au fond
A part cette voix, souvent dédoublée (on pense donc aux Antlers déjà cités ou à Finn), il y a des nappes de clavier ou des sons plus proches du piano (You Won’t Be Here), voire une rythmique symbolique (No Problem). C’est l’ambiance dégagée, sourdement mélancolique mais reposant sur de réelles mélodies qui pourra vous séduire. Votre tolérance à la musique souffreteuse va être mise à contribution. Mais vous savez que ce n’est pas le genre de la maison.
Comme de bien entendu, les thèmes ne sont pas toujours guillerets puisqu’on entend sur Mr Peterson (He made me a tape of Joy Division / he told me there was part of him missing / when I was 16 / he jumped off a building). On note pourtant une poussée de motivation sur Perry
A l’intérieur des niches, il y a encore des niches. Comme un matriochka indie. Donc c’est dans la catégorie de musiques déplumées, faites tout seul, un peu geignardes, rehaussées de nappes de claviers qu’il conviendra de ranger Perfume Genius. Ca, c’est pour le classement. Pour l’avis subjectif, je dois dire que j’ai vraiment bien aimé cet album modeste et à hauteur d’homme, qui broie du spleen comme d’autres font du tricot, de façon naturelle et avec un résultat qui réchauffe.
En écoute sur : http://www.turnstilemusic.net/
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