lundi 5 juillet 2010, par
Sombre kangourou
En attendant quelques grands noms qui ont fait les belles heures de ce site (Arcade Fire, Menomena, Wolf Parade), on peut dire que les découvertes se multiplient ces derniers temps. Si vous êtes en panne de sujet de mémoire, je vous propose « La critique musicale ou le mythe de Sisyphe au quotidien ». Parce que les variations sur des groupes connus donnent le vertige. Celui-ci, dégotté un peu par hasard (mais impeccablement rasé) cadre assez bien avec une foule de choses dont on vous a entretenus.
Tout d’abord, il est très difficile de ne pas penser ici à l’axe Woven Hand / 16 Horsepower. Surtout quand un morceau comme Oceanic Blues ne repose que sur quelques guitares. Il faudra aussi citer Black Heart Procession ou Calexico pour que vous sachiez quels environs de votre discothèque vous allez garnir.
La noirceur n’est pas une qualité intrinsèque, mais bien exploitée (Indochine, quelqu’un ?) elle permet d’injecter de l’intensité. C’est donc un rock plutôt léger et léché qui se trouve ici transfiguré par une volonté manifeste de ne pas trop en faire. Pour reprendre un point de repère récemment critiqué, on ne retrouve pas l’évanescence et la désolation d’un Lilium mais comme l’aridité n’est pas là non plus, cet album sera un meilleur candidat aux hautes rotations.
Ce qui fait la différence, c’est le côté plus up-tempo, comme ces autres Australiens de Devastations. On y perd peut-être en émotion pure mais on peut écouter cet album en tout temps et en tout lieu. Nick Cave et ses acolytes présents ou passés comme Mick Harvey, Anita Lane ou Hugo Race proviennent aussi de cette île-continent. Ca donne une petite idée de la filiation en tous cas.
Certains morceaux comme Mary passent d’ailleurs presque uniquement sur leur vitesse plus élevée. Un court final instrumental venant entériner la réussite. Les fins de morceaux d’ailleurs viennent souvent en relever l’intérêt. Que ce soit avec des cuivres (The Moon) ou des chorus qui emballent des morceaux plus légers pour en faire des moments d’intensité (Foes And Thieves). Notons aussi de petites tendances prog qui pointent le bout du nez de façon légère et finalement peu invasives (Father Ripper).
Jamais je n’ai eu de chair de poule irrépressible, mais jamais non plus je n’ai pris en défaut leur bon goût, leur intensité légère et pas plombante. Ce sont souvent les groupes les moins prétentieux à qui on donne le plus volontiers notre sympathie et s’il y a parfois un air de déjà-entendu ici, leur impeccable façon de faire monter presque tous leurs morceaux en fait un conseil pour ceux qui voient dans un peu de noirceur la possibilité de profondeur.
http://www.myspace.com/cabinsband
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