Accueil > Critiques > 2010

Best Coast - Crazy for You

samedi 31 juillet 2010, par Laurent

Critique dialectique


– Salut, ça va ? Tu fais quoi ?

– Comme d’hab, je m’écoute un peu de revival surf épicé au shoegaze.

– M’enfin, t’en as pas marre ? Le mois dernier déjà, tu ne jurais plus que par Surfer Blood !

– Ben c’est à la mode, que veux-tu...

– Ouais j’ai compris, encore une de ces hypes surfaites dans le genre The Drums.

– Ah non, ceux-là font dans le minimalisme benêt, boîte à rythmes et synthé vintage, pas mon truc. Ici on serait plus proche de l’esprit girls group spectorien des Dum Dum Girls, pour l’immédiateté et la concision.

– Le surcroît mélodique aussi ?

– Tout à fait, et le côté garage crasseux en moins. C’est vachement plus léché, plus pop quoi, et la manière rappelle le rock alternatif de gonzesses des nineties : ces chœurs sucrés qui apaisent l’acidité des guitares, c’est vraiment le retour de Lush et d’Elastica dans ton salon.

– C’est ça, c’est ça, et Veruca Salt tant qu’on y est ?

– Nan, trop structuré. À la limite, quand ça crie un peu comme sur Goodbye, on entend des relents de Hole, mais j’ai pas dit que c’était propret non plus : de la première seconde à la dernière, tu as un mur de guitares ininterrompu...

– Exception faite de la dernière minute d’Each & Everyday quand même.

– Charrie pas... c’est joué plein pot et ça fait du bruit, quoi. Treize titres en une demi-heure, avoue qu’on n’a pas le temps de s’ennuyer, là.

– Ça a l’air un peu redondant, ton truc.

– Jamais de la vie : écoute bien les variations de ton sur Summer Mood, le tango lent d’I Want to qui dégénère en carambolage ! Et puis Our Deal, c’est de la pure ballade sixties, ça.

– Mouais. J’aime bien Honey. Ça prend un peu plus le temps d’installer son ambiance.

– Clair que c’est le seul titre qui atteint les trois minutes. Mais bon, des brûlots comme Happy ou la plage titulaire, c’est irrésistible aussi. Et je te parle même pas de Boyfriend ! Quand tu ouvres ton disque sur un tube pareil, c’est que tu as forcément des choses à dire.

– Je ne nie pas. Mais ne compte pas sur moi pour encenser cet énième exemplaire de rock passéiste, aussi efficace soit-il.

– J’ai jamais dit que c’était mon intention. Mais c’est l’été et ça a le mérite d’être frais, non ?

– Ouais, ouais. Mais tu crois qu’il y a des gens qui vont l’écouter, ton truc ?

– Ben... s’ils sont friands du genre et dans la mesure où Best Coast surclasse la concurrence, disons qu’ils auraient tort d’en faire l’impasse.

– Si c’est toi qui le dis...


Répondre à cet article

3 Messages

  • The Missing Season - After Hours

    Sourions sous la pluie
    En cette époque de pléthore de sorties, le label reste un repère, un encouragement dont on a besoin comme impulsion. Le quintette rennais sort ainsi son album sur My Little Cab Records et c’est un gage de qualité quand comme nous on a aimé Boy & The Echo Choir, My Name Is Nobody ou Aetherlone très récemment.
    Apparemment, le groupe a commencé en tant que duo de (…)

  • Ventura - Ultima Necat

    Le charme de la lourdeur
    La musique forte, j’en écoute fort peu. Le rock suisse, ce n’est pas non plus ma spécialité. Mais l’occasion aidant, j’apprécie d’autant mieux cette dose forte et subtile. C’est malin, j’aime beaucoup mais les comparaisons, le vocabulaire me manquent pour faire plus que vous le conseiller. On va donc essayer de se débrouiller..
    Comme beaucoup d’âmes sensibles, je (…)

  • Le « D » de l’ipoD

    Rattrapage hors-série
    Bon ben on y est là : l’année 2011 touche vraiment à sa fin et ça va très prochainement être l’heure des bilans, presque une fin en soi quand on a envie de se nettoyer la tête et de ne retenir, en vue d’un plus lointain avenir, que ce qui aura été digne des plus vives attentions. Histoire d’activer la liquidation des stocks disponibles, je voulais toucher un mot rapide (…)

  • Tennis - Cape Dory

    Pas gagné
    Étant entendu que mes goûts tendent à diverger largement de ceux de notre lectorat cible, établis après trois études de marché et une campagne promotionnelle en béton armé, il va de soi que le premier album des Américains de Tennis risque de faire des émules dont je tiens à m’excuser d’avance de ne pas faire partie. Histoire d’éviter de vous faire perdre votre temps et le mien par (…)