samedi 16 octobre 2010, par
Galante compagnie
Il semble facile d’écrire sur l’amour. Tout le monde en a sa petite idée ou a dû, au moins, en entendre parler un jour. Selon la façon dont on le vit, ce sentiment ouvre une porte sur l’infini des possibles en parcourant, dans toute sa largeur, la palette des émotions humaines. Complaintes ou ritournelles, cris de rage ou sucreries, épopées ou comptines, on ne craindrait jamais a priori la redondance d’un disque sur l’amour. Écrire avec amour, pourtant, se révèle une tout autre affaire.
Broder affectueusement mots et mélodies, pour aviver son art de l’inclination qu’on lui porte, requiert une sensibilité plus délicate, et la minutie des tisseuses de dentelle. C’est sa part de féminité qu’il faut oser affirmer, l’originalité déviante des hommes qui préfèrent la compagnie des dames, sans arrière-pensée mais pour s’abreuver jour après jour de leur douceur. Écrire avec amour n’est pas à la portée du premier venu, mais c’est ce que fait Stuart Murdoch depuis quinze ans maintenant.
Des histoires banales où des filles et des garçons cherchent à s’échapper, le temps d’un week-end, le temps d’un voyage en train, le temps d’un café au troquet du coin, oublier brièvement que leur vie est moins rose que morose. Parce qu’ils savent que celui ou celle qui y mettra de la couleur, c’est peut-être bien l’inconnu(e) croisé(e) dans la rue tout à l’heure. Alors on l’invite à partager, pour un instant seulement, le frou-frou de quelque rêve et la chaleur des certitudes adolescentes.
Au fond, sur ce septième album de Belle & Sebastian, chaque chanson ressemble à la tournure nouvelle d’une même conversation intime, suspendue dans le temps (I Want the World to Stop) et l’espace (I’m Not Living in the Real World). La fille lui avoue qu’elle déteste son boulot (Write About Love), le garçon qu’il a peur de tomber amoureux (Come On Sister). Elle lui parle de ceux qu’elle a fantasmés (Little Lou, Ugly Jack, Prophet John), il rétorque qu’il ne sera pas un faire-valoir (Calculating Bimbo).
Mais elle finit par la convaincre d’aller de l’avant, de ne pas s’évertuer à mourir seul (I Can See Your Future), et le garçon la suit dans une cavale hors-la-loi, une vie buissonnière qu’il n’avait pas envisagée (I Didn’t See It Coming) et qui s’achèvera sans doute trop vite. Mais à quoi bon faire de vieux os ? Au bout du chemin, tout sera pardonné (Sunday’s Pretty Icons). Se rendre ou pas... la seule reddition viable, c’est de répondre à cette invitation à la danse.
Il n’est pas si facile d’écrire sur l’amour qu’on éprouve pour un artiste. Opter pour la simplicité semble être le choix le plus sage, quand bien même le cœur a ses raisons dont la raison se fout. Que dire sur Belle & Sebastian sinon que ce groupe fait du bien, insuffle une saine énergie qui n’a jamais besoin de donner de la voix pour convaincre de se laisser aller aux jeux du corps et de la mémoire. Disque proustien, “Write About Love” est une tendre madeleine qu’on aimera longtemps tremper dans le thé trop âcre de la vie.
On l’avoue, on reçoit beaucoup de musique et vu la relative étroitesse des styles défendus ici, le tri est souvent vite fait. Et puis quand on écoute certains artistes à la marge de nos goûts, il se peut qu’on soit intrigués et que le contact se fasse. C’est ce qui s’est fait avec Florent Brack et le son d’Unstoppable qui claque. Une relative déconnexion de la vraie vie m’a tenu à l’écart des (…)
Non, ce n’est jamais la qualité moyenne d’un album pop qui frappe (sauf si elle est exceptionnellement élevée), on revient toujours sur un album pour les morceaux qui nous ont marqués, surtout en matière de musique pop. Même Si fait partie de ces morceaux immédiatement sympathiques, catchy en diable et confirme aussi une tendance très actuelle de mêler titres en français et en anglais, comme (…)
C’est la basse qui tient l’avant-scène de Fancy, qui lance cet album et cette pop tristoune comme on l’aime fonctionne en plein. Elle a aussi le mérite d’énoncer clairement les intentions de l’album puisqu’on dénote un virage plus synthétique pour la formation française, plus solaire aussi sans doute.
Ce qui nous vaut un album moins éclectique que par le passé mais pas uniforme pour autant. (…)
On avait déjà été séduits par la pop sucrée mais pas trop du duo. Les jumelles Miranda et Elektra Kilbey sont les filles de Steve Kilbey (de The Church) et de la musicienne suédoise Karin Jansson. The Church, d’ailleurs, est surtout connu pour Under The Milky Way, composé par les deux parents. On retrouve sur ce court album une version trop enrobée qui n’a pas la beauté de l’original. On (…)