mercredi 20 octobre 2010, par
Sans regrets
On en a fait, des conneries. Des souvenirs à la pelle, de quoi raconter des histoires à trois générations de descendants, même si c’est vrai qu’au fond je me rappelle pas grand-chose de nos années de défonce, de libertinage. C’est bien la preuve que je les ai vécues à toute berzingue, comme ces premiers concerts qu’on jouait à s’en cramer les phalanges. Je me souviens de cette cave gothique à Bruxelles, où je n’arrivais plus à distinguer qui j’étais, de Pete ou de moi-même. On ne faisait réellement qu’un alors, et je n’ai jamais pu retrouver cette alchimie depuis. Avec les Dirty Pretty Things, on s’est éclaté un moment mais... pffff, je ne sais plus moi-même ce que je faisais avec ces seconds couteaux. Dirty pretty strings, c’est plutôt ça mon trip du moment.
Pete, je me demande comment il a fait pour s’en sortir. Sa survie restait la meilleure garante de son succès, ses frasques celle de son inspiration. Ou peut-être l’inverse. Je crois qu’à notre manière, on s’est assagi tous les deux, sauf que lui traînait cette réputation de Rimbaud post-moderne qui l’a rendu fascinant même quand il se fourvoyait autant que moi. J’ai toujours trouvé ce malentendu injuste. C’est un peu comme quand Lennon passait pour l’intello avant-gardiste alors que McCartney était de loin le plus cultivé et savait garder ça pour lui. Toutes proportions gardées, hein. N’empêche, tôt ou tard il fallait que je leur montre l’artiste que j’étais vraiment. J’ai revu Pete : c’était comme si rien ne s’était passé, comme au premier jour. Et quelque chose s’est éclairé dans mon for, j’ai eu le déclic.
Pour ce disque, il fallait que je fasse taire mon côté mod prolo, mes réflexes à la Kinks. Je me suis refait le portrait en écoutant Marc Almond et Scott Walker, acoquiné avec Neil Hannon pour pondre une divine comédie humaine et le sommet de ma carrière (The Fall), une œuvre à laquelle me mesurer si un jour je deviens vieux. J’ai mis ma Gibson en sourdine pour mieux maltraiter quelques vieux pianos (The Magus), sorti les violons pour m’affirmer en poète maudit (Carve My Name). Je sonne plus misérable que jamais et pourtant, la muse qui m’inspire aujourd’hui m’a franchement redonné goût à la vie. She’s Something, sans déconner. C’est vrai que quand je dédie une Ode to a Girl, on dirait que l’orage gronde, mais en vérité je ne me suis jamais senti mieux.
Parfois encore, je noie ce qu’il me reste de souvenirs dans l’absinthe, en compagnie de Serge G. et Jane B. (Shadows Fall), mais c’est parce qu’au fond, Pete me manque quand même un peu. « I was wreckless, you were free, I took you round the world with me, so holy together no devils could tear us apart... » À qui pourrai-je faire croire que j’ai écrit ça pour une fille ? J’aurai beau me mentir à décrocher la lune, mon seul alter ego est et restera ce frère d’armes que je n’ai jamais pu me résoudre à haïr. Je repense aux escapades, aux chambres d’hôtel en lambeaux, et ça ressemblait à une perpétuelle fuite en avant, Run With the Boys et ne jamais regarder derrière soi. Alors qu’est-ce que je fais à me morfondre, à me demander sans arrêt, What Have I Done ? comme si j’étais en quête d’une impossible rédemption. Je Regrette, Je Regrette. Non, rien de rien, je ne regrette rien.
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