vendredi 29 octobre 2010, par
Ode
Ô belle Agnes, vos philharmonies sont si douces qu’elles me font souffrir. Et sous l’échancrure pudique de votre polo rayé, je devine un cœur qui s’ébat en pépiements farouches.
Ô belle Agnes, lorsque vos doigts de fée gambadent sur ce piano mutin, je vous sens prête à entonner quelque hymne à la joie, mais toujours la marée voit-elle refluer votre vague à l’âme.
Ô belle Agnes, si c’est une harpe qui berce vos émois, pourquoi me semble-t-il tant qu’elle s’égaye sous l’océan et que les néréides en personne font vibrer ses cordes parmi les coraux ?
Ô belle Agnes, que votre voix d’ange rebelle se dédouble et il ne fait plus de doute que vous commandez aux vents. Qu’elle se taise, et le carrousel de vos mélodies giratoires m’étourdit encore davantage.
Ô belle Agnes, votre poésie est lunaire, se régale des sonates de Chopin comme des jeunes princesses gothiques qui grisent et dégrisent les mines germaines. Mais vous l’illuminez d’un éclat qui semble émaner de vos yeux même.
Ô belle Agnes, vos intentions m’effraient : souhaitez-vous ma perte ou mon extase ? Tant de vénusté me tourmente : « L’amoureux pantelant incliné sur sa belle a l’air d’un moribond caressant son tombeau. [1] »
Ô belle Agnes, si le destin ne vous marie au noble saigneur d’El Radio, daignerez-vous épouser mes envies d’encore, et susurrer vos plaintes pour extrême-onction ? Ô combien j’aimerai mêler votre haleine à mon souffle terminal !
Ô belle Agnes, de toutes les étoiles qui ont pris forme humaine, vous n’êtes ni la plus morte ni la plus aveuglante. Je n’en chéris que plus votre humble mais exquise présence en ce monde.
Ô belle Agnes, si ces mots vous parviennent, puissent-ils rendre à votre âme la monnaie de sa pièce. Je bénis ses douleurs responsables des miennes et répandrai partout la vérité nue de votre talent.
[1] Charles Baudelaire
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