mardi 11 janvier 2011, par
le substitut
A une époque pas si lointaine, Pitchfork régnait seul. Une simple nomination en tant que ‘Best New Music’ lançait des carrières. C’est souvent qu’on s’y référait et avec l’influence de quelques blogs de premier plan (Gorilla vs Bear, I Guess I’m Floating…), on a pu parler pour leurs chouchous de ‘Blog Bands’. Certains sont passés à la vitesse supérieure (Arcade Fire), se sont éteints (Clap Your Hand Say Yeah) ou sont passés du côté mou de la force (Band Of Horses). Depuis, une copieuse bande de sites francophones ont pris le relais, nous affranchissant de faire le fastidieux tri des arrivées américaines. Voyez la liste des participants au top des blogueurs pour vous faire une idée.
Certains noms évoqueront toujours de bons souvenirs de découvertes, de sensations stimulantes et un peu déprimantes de défricher des terres vierges. Le premier album du groupe du Minnesota avait intrigué, avec un imparable Insistor, et puis le soufflé avait paru un peu retomber, puisqu’on avait un peu oublié le Walk It Off qui lui a succédé. Mais on a définitivement retenu le nom, on est là pour donner des secondes chances. Et même des troisièmes. On est comme ça.
Les références originelles (Violent Femmes, Pavement) peuvent toujours servir de lointain point d’accroche mais on peut aussi élargir la palette aux Stranglers ou des Strokes (One In The World). Ou, de façon peut-être plus littérale, aux Walkmen qu’évoque sans beaucoup de doute cette guitare faussement déglinguée de Hidee Ho. Mais la bonne surprise pour ceux qui comme moi observent de loin la coolitude de ces derniers, ils arrivent à passer la surmultipliée, à lâcher les chevaux. Ce mélange de fausse nonchalance et de poussées de fièvre a aussi été l’apanage de Wolf Parade qu’on invoque quand un clavier vient vraiment remonter la sauce.
Si certains (Pitchfork –tiens tiens) ont stigmatisé une ressemblance trop marquée avec trop de choses et un manque de personnalité, je me suis pour ma part délecté de ces petites différences qui m’ont manqué sur les productions récentes des groupes évoqués. Une batterie, un petit synthé, et la guitare qui arrive sur Outro peut prendre ses aises, emmenant le morceau ailleurs. Ce sont ces moments-là qu’on vient chercher, et, fait remarquable, le tout est compacté en moins de 3 minutes. L’intensité ne se fabrique pas, elle se ressent, et ici elle peut naitre par éruptions (The Saddest Of All Songs) ou de façon plus linéaire (Freak Out). Et puis j’aime que des morceaux semblent à la limite d’eux-mêmes, comme la balade People You Know qui semble menacer de se barrer en sucette à la moindre occasion.
Un style faussement relâché et une fièvre maitrisée, voilà les qualités de ce troisième album de Tapes ‘n Tapes. On ne retrouve certes pas l’aspect épique et les circonvolutions des premiers Wolf Parade, mais pour ceux qui comme moi regrettent que la puissance du son ait remplacé l’inspiration chez ces derniers, c’est une bonne surprise qu’il faut se ménager. Espérons que cet album nerveux, attachant et sympathique participera à un élargissement mérité de l’audience de cet ancien espoir perdu et retrouvé.
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