Accueil > Critiques > 2011

Lia Ices - Grown Unknown

vendredi 28 janvier 2011, par marc


Une jeune femme a la personnalité musicale prometteuse, ça vous tente ? Avant d’attendre une hypothétique réponse, je vous propose de (re ?)faire connaissance avec Lia Ices. Dont finalement on sait peu et sur qui il est difficile de trouver des informations autres que ceci est son second album qui entre dans la large catégorie « contient des morceaux de Justin Vernon ». Une présence du leader de Bon Iver sur un morceau lui assurera-t-elle une publicité ? C’est ce qu’on lui souhaite en tous cas.

Il n’est d’ailleurs pas inopportun de commencer par ce Daphne, qui montre plusieurs des facettes mises en lumière sur cet album. Une écriture simple et dépouillée, dans la plus pure tradition de la combinaison picking /voix. Mais on sent naitre des couches de cordes qui grandissent, qui épaississent, et finissent par envelopper ce morceau très réussi pour l’emmener brusquement ailleurs, sur le territoire de cette forte personnalité de Saint-Vincent. C’est sur cet extrait que la fusion est la plus flagrante, qu’on remarque le mieux le pont qu’elle essaie de jeter entre une simplicité altière et des ambitions tout en violons, lesquelles pourraient être une version forcément simplifiée de ce qu’en ferait Owen Pallett (Ice Wine).

Pour le reste, elle choisit souvent une des deux options, et la nudité de Lilac suffit à notre bonheur avec son air de Sybille Baier de l’ère digitale. Etrangement, sa voix pourtant reconnaissable peut évoquer plusieurs chanteuses chères à nos cœurs. L’Allemande déjà citée, mais aussi des accents de Frida Hyvönen (Little Marriage) sans l’humour noir qui me fait chavirer. Le petit trémolo souvent utilisé pourra aussi plaire aux amateurs de l’indispensable Marrissa Nadler. Vous aurez compris qu’il ne m’a pas fallu longtemps pour trouver mes repères.

Dire que je n’ai pas été tout le temps ému n’implique évidemment pas que vous n’allez pas succomber. Les sons sont assez froids, de façon volontaire puisque c’est à coup d’écho (sur la voix et la rare batterie) et de violons potentiellement synthétiques. Et puis certaines mélodies surnagent de façon bien plus évidente que d’autres. Love Is Won par exemple, ou les Daphné et Lilac déjà mentionnés. Il reste cependant des moments où le style hiératique ne peut pas reposer sur l’intensité qu’il mériterait (Bag Of Wind, Grown Unknown)

C’est dans l’immense territoire qui sépare le folk aérien de cette dernière et un minimalisme d’arrangements plus moderne qu’on pourra trouver Lia Ices. Etrange objet que cet album, qui semble oser et réussir la fusion tout en semblant très familier. Comme ces objets design un peu froids mais qui se fondent naturellement dans notre intérieur.

http://www.myspace.com/liaices
http://www.liaices.com

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

2 Messages

  • Comley Pond - The Old House

    On vous avait déjà parlé de cette formation française à l’occcasion d’un EP sympathique qui montrait de belles dispositions. On change résolument de braquet ici avec 21 titres pour 40 minutes de musique. Mais la longueur n’est pas la seule évolution, la consistance et la constance sont aussi de la partie.
    Et puis il y a un concept, on peut voir cet album comme une visite de maison (forcément (…)

  • Destroyer - Dan’s Boogie

    Etrange attachement que celui qu’on a pour Destroyer. A un tel point qu’on comprend parfaitement qu’on reste un peu à l’écart. Ce nouvel album ne va sans doute convertir que peu de sceptiques, mais ceux qui ont déjà trouvé la porte d’entrée de l’univers de Dan Bejar resteront au chaud à l’intérieur.
    Son style se retrouve dès le premier morceau qui claque et prend son temps à la fois. Kitsch (…)

  • Painting - Snapshot of Pure Attention

    Le truc du trio allemand Painting, c’est de l’art-rock anguleux dans la lignée de choses comme Deerhoofou Architecture in Helsinki (désolé pour les références pas neuves). Et oui, c’est un genre qu’on apprécie toujours (pas trop Deerhoof pourtant, allez comprendre) surtout quand il est défendu avec autant de verve.
    Basé sur l’idée d’une AI qui prendrait ’vie’ et revendiquerait son identité, (…)

  • Eilis Frawley - Fall Forward

    Certains albums résistent. Non pas à l’écoute, celui-ci nous accompagne depuis trois mois. Mais à l’analyse. Leur fluidité n’aide pas le critique. Mais sera appréciée par l’auditeur, on vous le garantit. Eilis Frawley est une batteuse à la base, notamment au sein de Kara Delik dont on vous reparle prochainement. C’est manifeste au détour de morceaux comme People qui s’articule autour de cette (…)

  • Half Asleep – The Minute Hours

    C’est un chant doux et du piano qu’on entend sur le beau Mater qui lance cet album. Puis les choeurs évoquent plus le classique contemporain. Ce premier brillant morceau fait plus que planter le décor, il anticipe la diversité de ce qu’on entendra sur le sixième album de la musicienne Belge Valérie Leclerc.
    Si les références littérales sont rares, on peut néanmoins la situer dans un (…)

  • Bon Iver - Sable, Fable

    Au départ de ce cinquième album de Bon Iver (ça se prononce à la française, on le rappelle) était l’EP SABLE qu’on retrouve en intégralité à l’entame de ce Sable, Fable. Tant mieux tant Things Behind Things behind Things avait plu. Sans revenir à la simplicité folk de For Emma, Forever Ago, il est assez limpide et immédiatement attachant. La guitare acoustique est bien de sortie sur S P E Y S (…)

  • Stranded Horse – The Warmth You Deserve (with Boubacar Cissokho)

    Il y a des albums qu’on détaille, dont on analyse chaque parcelle. Et puis il y a ceux qui se conçoivent dans leur globalité tant leur style est transparent. Ce huitième album de Stranded Horse appartient à ces derniers tant il est cohérent de la première à la dernière note de kora.
    Si le style vous est familier, sachez que rien ne change vraiment ici, et c’est tant mieux tant cet univers (…)

  • The Imaginary Suitcase – A Chaotic Routine (EP)

    Oui, les choses changent, même pour les compagnons musicaux de longue date. Et même après une dizaine d’oeuvres relatées ici, on constate ce changement dès la pochette. On passera sur le changement de police de caractère pour se concentrer sur les visages, présents pour la première fois. Et puis constater que Laurent Leemans n’est plus seul à bord, même si les autres noms ne sont pas (…)