mercredi 19 janvier 2011, par
On les a découverts l’an dernier avec un EP prometteur et un clip perturbant juste comme il faut. On les a vite associés à Tamaryn, pour cette même propension à titiller leur thanatos au sommet de murs distordus. On s’est plongé dans leur première aventure discographique longue durée sans trop savoir si on trouverait le chemin de la sortie. On a erré quelque temps en se disant que personne ne pouvait décemment concevoir ce genre de dédale anxiogène sans y cacher une clé. À défaut de mettre la main sur quelque chose qui y ressemblerait, on s’en est alors fabriqué une. Et on entend la partager.
Sur la pochette de “Violet Cries”, une forêt. Une évidence : nul autre endroit ne saurait proposer de meilleures conditions d’écoute à cet album hanté. Les couleurs sont loin d’être criardes, mais évoqueraient davantage l’incertitude d’une vision infra-rouge. Les bois, la nuit, et une sorcière pour rendre la promenade létale. D’emblée, Argyria évoque l’étrange maladie résultant d’une surexposition à l’argent ; armé de nos silver bullets, on redoute l’attaque d’un lycanthrope ou de quelque démon échappé des temps mythologiques (Eumenides). Le pas est d’abord prudent mais s’accélère rapidement au gré des battements du cœur, se transforme en course effrayée tandis que les hurlements de Rachel Davies accompagnent la stridence du vent.
Les fantômes qui chuchotent entre les feuilles sont bien connus : Siouxsie & the Banshees à leur plus oppressant, Sisters of Mercy en version brûlante ou, çà et là, les Cure pornographes. Quand les voix profitent de l’obscurité, elles peuvent sans peine se prétendre innombrables. Plus près de nous, c’est la froideur martiale de These New Puritans qui frappe encore au détour de Battlecry / Mimicry, quand Esben & the Witch emprunte occasionnellement le sentier de la guerre (Warpath et ses agressions de guitares particulièrement new wave, le terrifiant Marching Song déjà présent sur l’EP et ramené ici au plus compact.
Régulièrement, “Violet Cries” autorise tout de même les égarés à reprendre leur souffle. Sur Marine Fields Glow ou le glacial finale Swans, on a presque la chance de se croire mort et de pouvoir se reposer éternellement d’une lutte trop éreintante pour sa survie. Car l’angoisse est du reste omniprésente, quand chaque tentative d’échapper à la sorcière finit par nous ramener au face-à-face, une ubiquité sadique qui nous perd un peu plus dans ces fausses pistes tortueuses (Hexagons IV, dont le titre ésotérique nous inviterait plutôt à dessiner un pentagramme où se protéger du malin).
Cela étant, les formules lancées par Esben & the Witch finissent par rendre intelligible la formule de la peur. Comme dans une horreur de série Z, les motifs sont souvent les mêmes et pourraient paraître éculés : déchaînement interrompu par un moment de solennité incantatoire (Light Streams), échos tendant vers l’infini (Chorea), ne manque qu’un peu de bave de crapaud pour parachever une potion infaillible. C’est malheureusement à rester trop servile à ses grimoires que la sorcière oubliera de se méfier des radotages. Si l’on en croit la légende, elle finit éclatée en copeaux de roche. Inutile de prédire le même sort au trio de Brighton, qui vient de nous offrir un premier album pétrifiant.
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