mercredi 6 juillet 2011, par
Le remplaçant
Il y a des gens comme ça, dès le premier abord ils vous sont sympathiques. C’est en première partie de LCD Soundsystem que j’avais découvert le très sympathique Jona Becholt. Si le cd ne rendait pas justice à la folie du live, le second album le voyait débarquer chez DFA. Cette cure de rigueur avec James Murphy nous a valu un des bons moments de l’année 2009. On espérait donc le voir persévérer dans cette voie. On retrouve donc logiquement la patte du label de James Murphy, jusqu’à la caricature (la signature des cowbells d’I Walked Alone). Mais si le maitre des lieux s’est laissé enfermer dans un procédé sans en retrouver la fièvre, le bouillant Jona a gardé intacte sa motivation.
Il attaque donc franco de port, par un Utopia. Ce bouillant et prometteur départ ne s’achèvera pourtant pas dans le feu d’artifice espéré. Notamment parce que comme presque toujours, il est plus difficile d’évoluer à basse vitesse tout en maintenant l’intérêt (Love In The Dark). Les successeurs de The Knife ne sont pas encore trouvés. C’est sans doute là que l’album pêche par un excès de confiance, par une propension non démontrée à rester intéressant quand l’énergie n’est plus là. Holy Roller par exemple manque soit d’énergie soit de folie. Les moments les plus à mêmes de faire tendre l’oreille sont des chorus qui s’envolent un peu (I Walked Alone) et nous montrent de quoi le groupe est capable.
Paradise Engineering peut faire penser à Anne Clark. La déclamation féminine sur fond électro est il est vrai un point de comparaison facile. La voix de Claire L. Evans (arrivée sur l’album précédent) est sympathique mais touche ses limites sur la plage titulaire. On ne passe pas impunément de la déclamation à la mélodie sans y laisser des plumes, il suffit de connaitre ses limites. Ou de les repousser le temps du joyeux bordel de Beam Me Up qui rappelle les belles heures des B52’s.
Yacht peut compter sur deux qualités qui peuvent se combiner de façon enthousiasmante : une créativité débridée qui n’a pas peur d’une pop tordue et un engagement de tous les instants. Dès qu’il délaisse un de ces deux avantages et sort de sa zone de confort, le charme se rompt et nous laisse avec une demi-réussite. Arrivé avant son prédécesseur, on aurait sans doute salué l’effort, mais pas de chance, arrivé en troisième lieu, il marque un certain recul.
Depuis eux albums, Cross Record est le projet solo d’Emily Cross. Chanteuse de Loma, elle agit aussi en tant que ‘Death Doula’, autrement dit en assistant des fins de vie. Elle a aussi quitté son Texas pour le Dorset et est devenue mère, ce qui ne doit pas être un mince ajustement. Donc quand on décèle que c’est une chanteuse habitée, tout ce substrat prend son sens, prend chair même. (…)
Comme un Perfume Genius qui a émergé à la même époque, Trevor Powers est passé de petit génie de la bedroom pop intime à singer/songwriter aux possibilités pas encore complétement cernées. Le point de départ de cet album est la découverte d’anciennes vidéos de son enfance retrouvées dans la cave de ses parents. C’est pourquoi on entend beaucoup d’extraits de vidéos, de conversations. (…)
Il y a des artistes qu’on côtoie depuis très longtemps, dont l’excellence semble tellement aller de soi qu’on est surpris qu’ils arrivent à se surpasser. On la savait sociétaire d’un genre en soi dont d’autres membres seraient Angel Olsen ou Emily Jane White, voire Bat For Lashes. De fortes personnalités à n’en pas douter. Mais sur cet album, le ton est bien plus rentre-dedans que chez ses (…)
On a déjà avancé l’idée que The National serait le plus grand groupe de rock du monde. Ou alors pas loin. Mais sans doute par défaut. Il faut dire que leur succès est arrivé sur le tard et presque malgré eux. Ils peuvent se targuer d’une impressionnante discographie. Et puis il y a cette sensation que les albums s’enchainent sans que leur statut n’impose leur contenu. Ils arrivent à avoir des (…)