jeudi 23 juin 2011, par
Bonne nouvelle
Hier comme aujourd’hui, et plus encore demain sans doute, les Vines auront toujours été primitifs. Voilà dix ans qu’ils naissaient dans un cri, l’implacable “Highly Evolved” et son trait d’union définitif entre rage juvénile et génie mélodique. Les deux influences qu’on ait jamais citées à leur propos, Beatles et Nirvana, se voyaient déclinées à toutes les sauces dans un patchwork binaire qui fleure bon le stupre et la fumette. Les concerts étaient à l’avenant, joyeux bordel où Craig Nicholls faisait honneur à sa pathologie, lui à qui l’on avait entre-temps diagnostiqué une forme rare d’autisme, moins handicap que trouble envahissant.
Dès lors mué dans une aliénation de plus en plus caricaturale, le groupe australien n’a plus été aperçu sur nos scènes mais nous envoyait encore de réguliers états des lieux, qui brillaient par leur absence de « haute évolution ». Pas de nouvelle, bonne nouvelle. Conscients de sortir pour la cinquième fois le même album, les Vines s’auto-parodient jusqu’à plus soif avec un Autumn Shade 4, nième volet d’une chanson conçue comme une franchise en revenant sur chaque album (sauf un, si vous avez bien compté), mais aussi S.T.W. qui clôt le disque comme l’avait fait jadis F.T.W. Substituer « screw the world » à « fuck the world », c’est bien là qu’on saisit toute la finesse et l’originalité de ces joyeux drilles.
D’emblée un hurlement primal annonce la couleur : Gimme Love, petite sauvagerie de moins de deux minutes, montre que les Vines ne se lassent pas d’écrire indéfiniment le même brûlot capable de transformer une chambre d’hôtel en no man’s land. Puis, suivant son schéma traditionnel, le groupe alterne moments de pure défoule punk (Candy Flippin’ Girl, Weird Animals, Future Primitive, tous aussi jouissifs) et ballades parfumées (Leave Me in the Dark, Cry) sans jamais se détourner de la norme salutaire des cent vingt secondes, qui permet à l’auditeur de ne pas trouver le temps long – c’est le moins qu’on puisse dire.
Cependant, emportés par leur élan psychédélique, les Australiens risquent, dans le dernier tiers de l’album, des tracks de plus de trois minutes. Pas de quoi écarquiller les yeux : c’est là une autre de leurs habitudes et, en l’occurrence, ils ne font jamais qu’ajouter à Black Dragon ou All That You Do, par ailleurs de relatives réussites, des fins à rallonge dispensables. On ne sait quoi penser en revanche du plutôt vain Outro, plongée psychotrope dans le cerveau visiblement dérangé de Nicholls, hurlant à l’aide comme un toxicomane en plein sevrage ou un névropathe dans sa cellule capitonnée.
Débarrassé de sa camisole, le chanteur s’autorise ensuite la seule vraie surprise du disque : une ballade totalement acoustique (Goodbye), qui pourrait être le chant du cygne de son groupe après dix ans de bons et loyaux services à la cause provisoirement révolue du rock à guitares. C’est aussi, disons-le, le morceau le plus anecdotique du lot. On ne peut toutefois nier au groupe un talent intact pour radoter avec panache, si bien qu’on ne saurait bouder son plaisir. Intervertissez n’importe quels albums de la discographie des Vines et vous obtiendrez un parcours tout aussi cohérent : primitifs un jour, primitifs toujours.
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