Accueil > Critiques > 2011

The War On Drugs - Slave Ambient

jeudi 18 août 2011, par marc

Au bon moment


C’est l’histoire d’un album qui a le bon état d’esprit au bon moment. Le second album du groupe de Philadelphie (qui compté l’acclamé Kurt Vile dans ses rangs) propose en effet un mélange propre à favoriser la détente et la motivation à la fois, un peu linéaire et sans fioritures.

Le début d’album psychédélique prouve qu’ils ne prennent pas la croisade contenue dans leur nom très au sérieux. On avait déjà eu cette ambiance chez des groupes anglais comme The Music mais on sent ici que le but n’est pas de faire danser ou entrer en transe, mais de communiquer un état d’esprit plus détendu.

Ce n’est pourtant pas là que leur dualité s’exprime. D’un côté, ils semblent parfois vouloir se mettre dans les traces de Deerhunter (Original Slave) par des plages d’ambient. C’est ce qui reste quand on retire le chant, ou peut servir d’introduction (Come To The City) ou de pause plus rythmée (City Reprise). Mais on retrouve aussi la trace de glorieux anciens pas du tout mode comme Bob Dylan ou Bruce Springsteen. Du premier on retrouve la diction nonchalante et les fins de syllabes trainantes. Du second il y a la fougue tempérée qui est ici soutenue par des tapis de clavier (Baby Missiles et son harmonica étrangement à sa place). Beaucoup ont fait ça, mais avec des sons plus sombres et sales (Wooden Sjips, ce genre). L’influence du boss se trouvant aussi chez des groupes décomplexés et intéressants (genre The Hold Steady ou Okkervil River, voire Arcade Fire), ce n’est pas un constat dédaigneux. Et leur lancinant Blackwater est bien beau.

A la croisée des deux mondes, on avait déjà eu l’album ‘américain’ de Jesus And The Mary Chain. Mais le résultat (dont le magnifique duo avec Hope Sandoval) sur Stoned and Dethroned déviait plus fortement des expérimentations sonores des défricheurs anglais. De plus , on peut trouver certains morceaux en pilotage automatique (Your love Is Calling My Name). C’est d’ailleurs le seul défaut de cet album qui manque parfois de relief, de vraie raison de s’enflammer. Mais ce n’est pas ce qu’on vient chercher et ce qu’on trouve, une vraie coolitude charpentée qui s’enracine aussi bien chez des valeurs sures que montantes, est un de mes conseils du moment.

http://www.thewarondrugs.net/

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

1 Message

  • Cross Record – Crush Me

    Depuis eux albums, Cross Record est le projet solo d’Emily Cross. Chanteuse de Loma, elle agit aussi en tant que ‘Death Doula’, autrement dit en assistant des fins de vie. Elle a aussi quitté son Texas pour le Dorset et est devenue mère, ce qui ne doit pas être un mince ajustement. Donc quand on décèle que c’est une chanteuse habitée, tout ce substrat prend son sens, prend chair même. (…)

  • Youth Lagoon - Rarely Do I Dream

    Comme un Perfume Genius qui a émergé à la même époque, Trevor Powers est passé de petit génie de la bedroom pop intime à singer/songwriter aux possibilités pas encore complétement cernées. Le point de départ de cet album est la découverte d’anciennes vidéos de son enfance retrouvées dans la cave de ses parents. C’est pourquoi on entend beaucoup d’extraits de vidéos, de conversations. (…)

  • Sharon Van Etten - Sharon Van Etten & The Attachment Theory

    Il y a des artistes qu’on côtoie depuis très longtemps, dont l’excellence semble tellement aller de soi qu’on est surpris qu’ils arrivent à se surpasser. On la savait sociétaire d’un genre en soi dont d’autres membres seraient Angel Olsen ou Emily Jane White, voire Bat For Lashes. De fortes personnalités à n’en pas douter. Mais sur cet album, le ton est bien plus rentre-dedans que chez ses (…)

  • The National - Rome

    On a déjà avancé l’idée que The National serait le plus grand groupe de rock du monde. Ou alors pas loin. Mais sans doute par défaut. Il faut dire que leur succès est arrivé sur le tard et presque malgré eux. Ils peuvent se targuer d’une impressionnante discographie. Et puis il y a cette sensation que les albums s’enchainent sans que leur statut n’impose leur contenu. Ils arrivent à avoir des (…)