vendredi 21 octobre 2011, par
Gélification
Et si on était sur la ligne de passage, si certains albums se donnaient rendez-vous ici avant de repartir vers les contrées froides ? On aurait, à l’instar des cigognes, quelques instants pour en apprécier la beauté avant qu’ils aillent se faire admirer ailleurs. Mais dans le champ, il y a la possibilité d’appeler l’amateur, ou de faire bifurquer la trajectoire de déplacement, de multiplier les points de passage. Le premier album du duo de Boston est donc une occasion de rameuter l’auditeur, de mettre en évidence une modeste réussite dans un univers infini (et en expansion) de sorties.
Sur ce Breakers, il n’y a guère que du piano, deux voix, plus un peu de violoncelle discret (Black Ships, Red Arrow) ou un tuba pas envahissant. Mais on cherchera en vain des traces du folk dépressif, cette musique agit plutôt comme une pop rêveuse au piano qui aurait été ralentie à son exact point de gélification, entre deux consistances, entre le chaud et le froid. Le chaud du piano qui plaque ses accords comme on tisse des toiles, des voix caressantes, le froid d’une désincarnation hiératique, de sentiments qui s’étiolent, de l’exacte précision du temps qui passe.
Dans la même série, c’est moins élégiaque et bien plus élégant que Cascadeur, parce que le ton est plus rentré. Ne pas tomber dans le pathos ou l’ennui, voilà les deux pièges béants qui risquent de surgir pour une musique à ce point posée, qui a aussi su résister aux tentations du spectaculaire et du clinquant pour sonner encore plus juste, pour ne pas polluer l’émotion simple de Red Arrow. Il y a donc quelques vraies réussites à la clé comme 252 ou I Heard The Party, même si mettre en exergue quelques morceaux est un peu réducteur, tant tout se ressemble, tant tout paraitra réussi si un seul titre a l’heur de plaire. Pour peu que Gem Club se présente à vous à un moment opportun, vous pourrez commencer à rentrer des albums pour l’hiver.
http://www.myspace.com/gemclub
http://www.iamgemclub.com/
Il est des groupes qu’on écoute encore et pour lesquels on se demande pourquoi on s’inflige ça, déception après inintérêt. Le cas des Tindersticks est un peu différent. Si on ne peut pas prétendre avoir à chaque fois succombé aux charmes d’un album fantastique, il y avait toujours des raisons d’y revenir, de ne pas lâcher l’affaire après 30 (gasp...) années de fréquentation.
Cet album ne (…)
La nature a horreur du vide, l’industrie musicale encore plus. C’est donc une volonté de la maison de disques de propulser le crooner crépusculaire australien au sommet, déserté par des gens comme Leonard Cohen ou David Bowie pour d’évidentes raisons de décès. Et il semble que ça marche, cette sortie est précédée d’un abondant tam-tam. Pour le reste, c’est aussi la connivence qui va jouer. (…)
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