jeudi 27 octobre 2011, par
Un pas de côté
Il arrive qu’on veuille faire durer le suspense, qu’on lâche une information importante en toute fin de critique, comme pour parachever une démonstration. Je n’userai pas de cet artifice ici. Parce qu’une des raisons qui m’ont poussé à me procurer cet album est que Cant cache Chris Taylor, bassiste et producteur de Grizzly Bear. Sachant ce dont les membres de cette nouvelle institution sont capables hors de leur base (formidable album de Department Of Eagles), et apprenant que le garçon a produit Dirty Projectors ou Twin Shadow la curiosité est forcément grande.
Cet album risque plus de plaire aux esprits aventureux qui ont réussi l’immersion dans la récente vague chillwave qu’aux amateurs de folk roots (dont on ne retrouve aucune trace ici, même en cherchant bien). Ce sont des beats qui nous accueillent, et on accepte l’offrande avec plaisir, on est plus proche de Yeasayer ou de ces bidouilleurs-là que de la musique stellaire des grizzlys. Chis Taylor n’est pas le chanteur principal de Grizzly Bear, ce qui différencie plus clairement encore cet album qui fait l’impasse totale sur les harmonies vocales ensoleillées.
Qu’a-t-il mis à la place ? D’excellentes ambiances (Rises Silent), lancinantes et poisseuses à souhait (Believe). Emporté par son élan, il peut même ajouter des synthés langoureux qu’on n’attendait peut-être pas là, qu’honnêtement on aurait espéré éviter (The Edge). Impeccablement mis en son et un peu foisonnant, c’est l’album complexe qu’on aurait plutôt attendu d’Apparat, qui préfère utiliser son savoir-faire de façon plus rêveuse, ou alors d’un Tv On The Radio passé au côté obscur pour cette nouvelle incursion de l’émotion dans la froideur (Answer). Cette émotion monte graduellement, pouvant commencer par une complainte minimaliste et évoluer en un lancinant exercice (She Found a Way Out) ou tenter l’accélération (Bang). A l’opposé, il n’hésite pas à risquer une incursion dans le côté aride et rude de l’electro (Dreams Come True). Comme toute musique un peu aventureuse, la liberté peut ne pas aboutir, mais l’auditeur n’est pas laissé sur le bord du chemin.
Un projet parallèle d’un membre d’un groupe à succès, c’est parfois un chèque en blanc comme récompense pour service accomplis qui devient un exercice peu gratifiant (Volcano Choir, Flashy Python) mais dans le meilleur des cas, un artiste peut s’aventurer sur son terrain propre, parfois loin de son camp de base et réussir. C’était le cas de Philip Selway de Radiohead par exemple et vous aurez compris que Chris Taylor suit cet exemple. Sa musique ne ressemble en tous cas à aucune autre, et pas du tout à celle de Grizzly Bear. Les grands groupes ont des membres de talent, c’est parfois simple la musique.
En général, les mailing-list d’artistes sont des outils d’information, une indispensable source pour les sorties et les tournées. Parfois on a un lien privilégié avec les pensées des artistes, certain.e.s se révélant brillant.e.s dans l’exercice. On songe à Emily Haines de Metric ou Marie Davidson. Entre blog introspectif et histoires éclairantes, ces messages plus ou moins réguliers (…)
Que le projet de Vitalic et Rebeka Warrior s’inscrive dans la durée, ce n’était pas nécessairement écrit dans les étoiles après un premier album remarqué. Il reposait sur sur quelques axiomes comme l’emploi fréquent d’un allemand de cuisine qui laissait à penser que c’était un projet né d’une envie particulière. Et non, les revoici avec sous le bras un second opus plus consistant. Avec une (…)
Il est des artistes qui mieux que d’autres nous ont donné des envies d’ailleurs, de champs musicaux inexplorés. Pour les amateurs de rock au sens large, des gens comme Underworld ont été des passeurs, comme New Order avait pu l’être pour des gens (encore) plus âgés que nous.
Cette émancipation auditive était aussi bien ancrée dans son époque, et s’il n’est pas incroyable de retrouver le (…)
Le fond et la forme. La forme et le fond. Paroles et musique. La dualité est bien connue et on la retrouve ici, bien mise en avant sur ce premier album de Stéphane Loisel. Des mélanges sont encore à tenter et celui-ci a sa personnalité propre.
Sur la forme tout d’abord, on peut dire que c’est réussi puisque des versions instrumentales pourraient fonctionner. Italo-disco, electro, le (…)
Oui, les choses changent, même pour les compagnons musicaux de longue date. Et même après une dizaine d’oeuvres relatées ici, on constate ce changement dès la pochette. On passera sur le changement de police de caractère pour se concentrer sur les visages, présents pour la première fois. Et puis constater que Laurent Leemans n’est plus seul à bord, même si les autres noms ne sont pas (…)
Depuis le 2 janvier 2007, la musique de Basia Bulat est dans nos vies. Et elle y est restée. Après avoir revisité sa discographie avec un quatuor, la revoici avec du nouveau matériel initialement composé en midi. En mode disco donc ? Non, pas vraiment, même si Angel s’en approche un peu. Le décalage avec sa voix chaude est intéressant en tous cas.
Dans le rayon du mid-tempo plus roots, des (…)
Comme Raoul Vignal dans un genre proche, l’évolution de Jawhar l’amène à plus de douceur, à plus de rondeur, avec une vraie beauté qui en résulte, un peu différente de celle des débuts, mais tout autant indéniable. Lui qu’on avait notamment entendu aux côtés de Françoiz Breut ou Monolithe Noir dans un passé récent, il reprend ici le fil de sa discographie avec une certaine continuité. Ne (…)
On apprécie toujours le retour d’un ami de longue date, surtout s’il reste empreint d’une grande beauté. Comme on l’avait signalé à la sortie du précédent Years in Marble, il s’éloigne d’influences comme Nick Drake (avec un picking virtuose) pour favoriser un mid-tempo qui coule de source comme South, Brother qui relate ses retrouvailles avec son frère qui vit en Espagne. La finesse d’écriture (…)