jeudi 6 octobre 2011, par
Écolos
Le chat parti, les souris dansent. Même entre l’album de Beady Eye et les imminents premiers pas en solitaire de Noel Gallagher, il y a définitivement une place laissée vacante par l’implosion d’Oasis. Or c’est sur un méchant malentendu qu’on a voulu refiler le sceptre à Kasabian : le frontman morveux, le guitariste qui tire toutes les ficelles dans l’ombre et une section rythmique dont il est de coutume de n’avoir rien à cirer, il n’en fallait pas plus pour voir en eux les dignes représentants d’un lad-rock propre à titiller la testostérone du hooligan de base.
Sauf que. Sauf que la musique de Kasabian, initialement hymnique et peu portée sur l’humilité, a eu la bonne idée de se réinventer une fois atteint le stade du troisième album, le toujours aussi excellent “West Ryder Pauper Lunatic Asylum”. Et que le groupe, bien content d’avoir été ainsi suivi par son public alors qu’il optait pour ces chemins de traverse psychédéliques, a l’intention d’explorer plus avant cette veine aventureuse, rappelant davantage l’ambition vers laquelle a un jour voulu tendre Kula Shaker.
Ainsi, on peut aujourd’hui scinder la discographie de Kasabian en deux diptyques : tout comme “Empire” était le petit frère roulant des mécaniques du premier album, le présent “Velociraptor !” donne une suite trop logique à son prédécesseur pour se révéler aussi épatant, mais il ne contient que des chansons à peu près irréprochables et enfonce plus que jamais les portes de la perception. De la bonne vieille musique de drogués qui n’a, au final, strictement rien à voir avec les frasques éthyliques de certains dieux du stade.
D’autant que les mecs de Leicester ont conçu ce nouveau chapitre avec une intention avouée et foncièrement louable : écrire un album dont chaque titre se veut mémorable. Du tube après tube, façon grand classique. On va tout de suite se calmer : “Velociraptor !” n’est pas près de bousculer l’histoire du rock. Mais pour un bon disque, c’est un bon disque, avec en effet un taux de déchet proche de zéro. Il faut dire qu’en bons écolos, les Kasabian sont plutôt doués pour le recyclage.
Days Are Forgotten et Switchblade Smiles sont d’habiles réutilisations de leur lexique : riff bien monstrueux mâtiné de touches électroniques rentre-dedans, sans compter les cris martiaux empruntés à Ennio Morricone et aux films de kung-fu, on connaît et on se régale toujours. Re-Wired joue de son côté sur une alternance couplets-refrains bien contrastée, avec un pont particulièrement réussi, tandis que la plage titulaire – qui tient un peu le rôle de Fire sur le disque précédent – est donc le brûlot bêbête de rigueur, pourtant relevé par des arrangements une fois de plus irrésistibles.
Kasabian ne fait pas que s’autoparodier et sait aussi aller chercher les bonnes idées chez les autres. Goodbye Kiss est une ballade nostalgique qui se rêve au Cavern Club et que n’aurait pas reniée Alex Turner. Neon Noon lorgne pour sa part vers les seventies psychotropes, non sans consentir à y intégrer quelques pans de modernité ; Pink Floyd ne sonnerait pas autrement s’il décidait de donner une suite à son “Division Bell”. Le morceau de choix étant ici La Fée Verte, parfaite escapade pop dans la lignée des Beatles de “Magical Mystery Tour” qu’on avait pu entendre avec bonheur à la fin du film London Boulevard.
Et puis il y a aussi des choses moins attendues : de sublimes enluminures sur Let’s Roll Just Like We Used To, morceau d’ouverture plus subtil qu’à l’accoutumée, ainsi que sur l’énorme Acid Turkish Bath, épopée orientaliste hallucinogène. Encore une fois à la production, Dan the Automator a érigé un mur du son aussi mouvant qu’inébranlable. I Hear Voices fait dans le minimalisme façon Madchester en visant l’effet maximal, et Man of Simple Pleasures se passe aisément d’artifices pour proposer une mélodie chaleureuses telle qu’en concevait Morcheeba à ses glorieux débuts.
Si, au départ, on envisageait d’attribuer à “Velociraptor !” le satisfecit minimum, les écoutes successives finissent par convaincre qu’on tient là un disque qui assure royalement sur la longueur. Derrière les tics et les poses, les frimeurs sympathiques ne font pas de surplace et savent qu’ils tiennent en Sergio Pizzorno une plume prolifique, à la fois conservatrice et visionnaire, finalement bien loin des idées reçues sur la musique du groupe. Personne n’a besoin d’assurer la relève d’Oasis, et certainement pas Kasabian, qui joue dans sa propre catégorie et pourrait bien, qui sait, devenir un jour irremplaçable.
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