mercredi 19 octobre 2011, par
Valorisons l’artisan
Si vous ne tenez pas de journal intime, il peut être utile d’avoir un site. C’est en tous cas ce qui m’a permis de me rendre compte que j’avais déjà vu Tyler Ramsey en concert, en première partie de Band Of Horses. Vous apprendrez donc sans surprise que Ramsey est membre de ce groupe. Ce procédé est utilisé par d’autres, puisque J Tillman a aussi assuré les tours de chauffe pour Fleet Foxes.
Il faut avouer que depuis l’ampoulé second album, j’avais décroché de la discographie de Band Of Horses parce qu’ils avaient grossi et lissé leur son. On s’est habitués à laisser les groupes suivre leur direction et décrocher sans regret, parce que d’autres arrivent sans cesse. Je n’ai même pas écouté leur troisième album par manque d’envie, et ce projet parallèle suffit à mon bonheur.
Pour ne pas penser à Neil Young, la solution est simple, il suffit de n’avoir jamais entendu les albums non électriques du loner canadien. Ce qui serait une erreur dans l’absolu (il y a des chefs d’œuvres là-dedans) et ne permet pas de voir l’omniprésence de ce vétéran comme influence de la scène actuelle, de la furie électrique de Waters à l’intimisme absolu de Perfume Genius. On n’est cependant pas dans un de ces cas-limite ici, puisque c’est dans un doux mid-tempo que Ramsey évolue. Une fois cet axiome admis (et une fois que l’album est vraiment lancé), on pourra se tourner vers les chansons. Et constater que de ce côté-là, Tyler Ramsey n’est pas mal pourvu du tout, et au fil des écoutes, la personnalité ressort mieux que les références.
On peut alors bien profiter de la simplicité de 1000 Black Birds, ou de l’excellent recueillement mélodique de The Nightbird. Il se risque même à de discrets brouillards de guitare, comme pour la pop délassée des Engineers (All Night). Il reste une légèreté (on pense même au Byrds) qui m’avait assez vite manqué chez Band Of Horses et qui baigne Stay Gone.
La plupart des albums dont on parle ici ne sont pas précédés de réputations, il faut aller les chercher, encore et encore. La gratification est souvent au bout du chemin parce qu’à notre stade d’ingestion d’albums, on se surprend encore à prendre un plaisir simple à l’écoute de ceux qui ont l’ambition d’être bons ou agréables. Tant que ce plaisir sera là, la passion restera. Il y a longtemps que je n’ai plus été bouleversé par un album (le dernier ‘5 étoiles’ a un an et demi…), mais beaucoup m’ont plu. Celui-ci est du nombre, parce qu’il semble conscient que sa modestie est une qualité. Il y aura toujours de la place dans nos cœurs pour les artisans doués.
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