vendredi 7 octobre 2011, par
Une critique dont vous êtes le héros
Vous arrivez devant le rayon « nouveautés » de votre disquaire préféré, prêt(e) à vous repaître des dernières sorties. Laissant votre regard vagabonder au gré de pochettes convenues et de goûts divers, vous êtes soudainement attiré(e) par le CD du groupe Drugstore, trio anglais qui a connu son quart d’heure de gloire au mitan des années 90.
– Si vous êtes familier(e) de la discographie du groupe, allez au paragraphe 7.
– Si vous ne connaissiez pas Drugstore, allez au paragraphe 5.
Certes, il y a le plaisir d’entendre à nouveau la voix coquine d’Isabel, cette tigresse qui avait jeté son dévolu sur votre personne à peine majeure lors de ce concert, il y a bien longtemps, dans un club enfumé. Et puis un morceau comme Aquamarine ne manque pas de charme, même si l’entrelacs de voix féminine et masculine ne fait pas le poids contre un vieux classique tel qu’El President. Pourtant, avec votre meilleure volonté, vous ne parvenez pas à trouver de l’intérêt à la succession ininterrompue de scies qui forme la structure de cet album. À l’écoute de l’infecte Standing Still, vous vous lancez un ultimatum.
– S’il se passe enfin quelque chose sur ce disque mollasson, allez au paragraphe 8.
– S’il ne se passe toujours rien jusqu’au dernier morceau, allez au paragraphe 3.
Au fond, c’était un faux suspense : après une première moitié d’album ennuyeuse à mourir, Drugstore est resté cohérent jusqu’au bout et n’a pas daigné envoyer le bois une seule seconde. À peine un sursaut sur le refrain charmant de l’acoustique Blackholes & Brokenhearts, et encore. Tout ça est plutôt mignon mais admettez-le, vous n’avez plus rien entendu d’aussi monotone et fastidieux depuis ce week-end dans les Ardennes où vous aviez mis les pieds à votre corps défendant et où quelqu’un avait trouvé spirituel de passer le double album de reprises de Bruel.
– Vous tirez vos conclusions au paragraphe 10.
Vous avez beau avoir adulé Drugstore pendant des années, collectionné leurs singles et brûlé des bâtons d’encens pour qu’ils sortent de leur retraite, vous ne comprenez pas très bien pourquoi le trio juge bon de briser ce long silence avec un album qui fait aussi peu de bruit. Déçu(e), vous constatez en feuilletant la pochette qu’Isabel Monteiro a réaligné un tout autre line-up, et que le groupe est désormais un quatuor. Vous vous rappelez de la tyrannie qu’elle faisait régner sur ses camarades en concert et n’êtes pas autrement surpris(e). Cependant, vous ne pouvez vous empêcher de vous sentir floué(e), sinon trahi(e), et vous fondez en larmes.
– Vous saisissant de deux mouchoirs dans le meuble de chevet, vous allez au paragraphe 10.
Vous empoignez le disque et foncez le scanner à la borne d’écoute la plus proche. Au bout de quelques instants, vous constatez que Drugtsore semble pratiquer un indie-rock à l’ancienne, avec un commandement féminin pas loin de vous rappeler Kristin Hersch ou Tanya Donelly. Si ce n’est qu’en passant les plages l’une après l’autre, vous cherchez désespérément le moment où la musique va s’emballer, moment qui ne semble pas près d’arriver alors que vous vous abreuvez d’un extrait de 30 secondes issu du dixième et déjà dernier morceau.
– Flairant le plan foireux au cœur d’une rentrée chargée en sorties poids lourd, vous décidez de passer votre tour et allez directement au paragraphe 10.
Vous avez eu beau apprécier les passages plus lents des albums de Drugstore, vous vous rendez rapidement compte qu’Isabel Monteiro est aujourd’hui si assagie qu’“Anatomy” ne compte que des rengaines dépourvues d’énergie, engluées dans une atmosphère vaguement country – avec cette pochette, vous auriez dû vous méfier – et un semblant de dream-pop pas assez aérienne pour vous faire réellement décoller. Arrivé(e) à Can’t Stop Me Now, vous vous êtes déjà endormi(e) alors que l’on n’est qu’en plage 4. En fin de compte, ces ballades que vous aimiez tant ne fonctionnaient-elles pas mieux lorsqu’elles ponctuaient un rock autrement plus excitant ?
– Sortant de votre torpeur, vous allez au paragraphe 10.
Tout excité de retrouver de vieux amis du temps de votre vie estudiantine, après dix années d’absence qui semblent vous avoir transformé(e) en adulte éteint(e), vous foncez à la caisse après vous être assuré(e), auprès du vendeur, qu’il s’agissait bien là du groupe mené autrefois par la fantasque Isabel Monteiro, frontwoman brésilienne qui assurait le chant et la basse et qui vous avait fasciné(e) lorsque vous l’aviez découverte en première partie de Radiohead. Vous déboursez votre bonne douzaine d’euros sans autre forme de procès et rentrez chez vous pour insérer le disque dans votre lecteur.
– Si vous aimiez le Drugstore des deux premiers albums et vous êtes ennuyé(e) à l’écoute de “Songs for the Jet Set”, allez au paragraphe 9.
– Si vous êtes un(e) inconditionnel(le), allez au paragraphe 4.
Non, rien. Fausse alerte : vous avez bêtement cru que La Brume serait chantée en français. Mais en fait, non. C’est juste un radotage de plus.
– Vous pouvez sortir du calvaire au paragraphe 10.
Prudent(e) mais en émoi, vous déballez le cellophane en vous demandant ce que Drugstore peut encore bien avoir à proposer en 2011. Dès le premier morceau Sweet Chili Girl, vous vous souvenez tout à coup que le groupe avait coutume d’alterner les titres de rock alternatif jouissifs et des ballades décharnées. Or il paraît patent que le titre d’ouverture, malgré une pseudo explosion tardive, appartiendrait plutôt à la seconde catégorie.
– Si vous étiez plutôt friand de cette orientation sonore, allez au paragraphe 6.
– Si vous avez toujours préféré le groupe dans ses moments plus enlevés, allez au paragraphe 2.
« This is the end of the road, this is the end. » Les derniers mots de Clouds résonnent en vous comme une mise en abyme plus qu’évidente, comme une épitaphe gravée sur le rien. Et vous vous demandez ce qui a pu motiver Drugstore à livrer un aussi piètre testament. Ce dont vous êtes à peu près sûr(e), en tout cas, c’est que vous ne risquez pas de revenir de sitôt vers cet album aussi dépassé que déplacé.
– Dans le cas contraire, retournez au paragraphe 1.
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