mercredi 26 octobre 2011, par
Flagrant délit
Le problème de Coldplay, c’est qu’au bout d’un moment ça allait nécessairement commencer à se voir... Dès “Parachutes” – bel album au demeurant – il semblait évident que le groupe voulait vesser plus haut que ses sphincters. Avec “A Rush of Blood to the Head”, cependant, au moins Coldplay donnait-il des moyens à ses ambitions. Et puis, syndrome d’Oasis – dit aussi du « difficile troisième album » – et début d’une boursouflure sans vergogne : des gimmicks en lieu et place de lignes mélodiques, des « wo wo wo » pour seules harmonies. Le style Coldplay s’était forgé en misant tout sur ses propres limites. Sous cet enfer pavé, une intention évidente : devenir U2 à la place de U2.
Comme U2, Chris Martin et ses sbires ont fait appel à Brian Eno quand il s’est agi de se réinventer à l’heure du quatrième album. Sans révolutionner leur rock de gendres idéaux, “Viva la Vida or Death and All His Friends” avait le mérite de déranger légèrement leur mise en pli. Vaguement plus aventureux, les Londoniens ont malheureusement reçu le mauvais message quand Viva la Vida – la chanson – s’est vu décrocher la timbale. Il fallait évidemment que ça tombe sur le seul morceau vraiment insupportable du disque. Du coup, toujours nourri par ses projets d’hégémonie, le groupe ne voyait aucune bonne raison de ne pas explorer cette veine facile.
Et voilà 2011 où, ta-daaa, Coldplay révèle le single annonciateur de son cinquième effort. Dès les premières notes d’Every Teardrop Is a Waterfall, double constat. D’abord, on a bien envie de chanter « ritmoooo, ritmo de la noche » – déjà, en soi, un emprunt au non moins fameux I Go to Rio de Peter Allen. Ensuite, ben... ça y est, ça se voit là. Le doute n’est plus permis : Chris Martin s’en fout. Il se fiche comme d’une guigne de faire de la pop FM en conserve, d’écrire des afféteries qui feraient presque honte à Keane et de les chanter dans des accoutrements grotesques. Au fond, et il faut leur reconnaître cette force, les mecs de Coldplay ne prennent rien de tout cela au sérieux.
À la limite, il faudrait les imaginer en train de se marrer à l’idée que leurs délires arcs-en-ciel font un tabac. Après son quatrième album, U2 avait encore un “Joshua Tree” et un “Achtung Baby” en réserve. Les Coldplay, eux, ont préféré passer d’emblée en mode radoteur et démago. Leur coup d’audace sur “Mylo Xyloto” ? Avoir invité Rihanna sur Princess of China. Quel pari fou... On sait Chris Martin proche de Kanye West et Jay-Z, donc la connexion semble a priori logique. Sauf que là, on parle de la cantinière du régiment, la princesse de la soupe en gros. Et si ses vocalises peuvent se conjuguer à la musique des rappeurs précités, ici le crossover tourne court.
Mais Brian Eno cautionne. Mieux : il cosigne, donnant à Codplay des pistes sonores qui ont servi de terreau à la germination de “Mylo Xyloto”, album dont seul le titre est énigmatique. Le projet, lui, est limpide : orienter les élans créatifs vers l’animation des stades. Comme des chauffeurs de salles bourrées à craquer de moutons de Panurge, des G.O. pour le grand Club Med du rock propre sur lui. Sur Paradise, on croit déjà entendre les applaudissements de la foule conquise, on voit les bras se balancer dans les airs. Et ces « wo wo wo », si quelqu’un pouvait leur dire ! Charlie Brown, Don’t Let It Break Your Heart,... même combat. C’est sûr, Coldplay fait ça mieux que personne et il est toujours réconfortant de savoir qu’on excelle dans un domaine. Mais franchement, ces garçons n’avaient-ils pas le potentiel pour se lancer d’autres défis ? À vaincre sans péril, n’est-ce pas...
Au besoin, on n’aurait pas craché sur une conversion électro-pop dans la lignée de Hurts Like Heaven. Plutôt sympathique, au même titre que Major Minus et sa guitare – à la The Edge, ben voyons – aiguisée à souhait. On peut d’ailleurs noter que l’instrument de Jonny Buckland est largement mis en avant, au détriment d’un piano qui aurait sans doute par trop encombré le showman Martin. Et ce même sur les ballades qui, en toute objectivité, rivalisent de platitude (Us Against the World, U.F.O). Il y avait bien Moving to Mars pour relever la tête sur l’EP qui a précédé l’album mais, pas de chance, Coldplay n’a pas jugé bon de l’inclure ici, préférant mettre en avant le pénible Up in Flames.
C’est trop facile de dire du mal de Coldplay. Pourtant, malgré leur côté tête à claques, cette critique n’a rien d’un défouloir. Force est de constater d’ailleurs que sur cinq albums, le groupe en a réussi deux et demi. Seulement, sans snobisme ni pose intello, n’ayons pas peur d’affirmer qu’il signe avec “Mylo Xyloto” un manifeste je-m’en-foutiste, un disque gluant fait par des dilettantes en pleine conquête du monde. À la fois modeste dans la conscience de ses lacunes et pompeux de par ses ambitions outrancières, “Mylo Xyloto” ne pourra rien faire pour se cacher, et passer pour ce qu’il n’est pas. Non vraiment, les gars, ce coup-ci ça s’est vu...
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