mercredi 14 décembre 2011, par
Au nom des filles
Encore un de ces disques qui tournent depuis des mois et dont on n’a toujours rien trouvé d’intelligent à dire. Notez que ça ne va pas forcément être pour tout de suite puisque, fidèle à de vilaines habitudes, on n’exclut pas toujours de s’y coller sans avoir d’éléments neufs, voire simplement pertinents, à verser au dossier. Non, mais c’est-à-dire que ces périodes de fêtes et de bilans nous ont toujours émoustillé, comprenez-vous... dès lors, on s’en voudrait de snober un des albums qu’on commence à retrouver et qu’on retrouvera encore sur la majorité des podia mélomanes.
N’allez pas croire pour autant qu’on a trouvé, dans ce deuxième album des filles-qui-n’en-sont-pas (comme on sort d’une chronique du dernier Boy, vous saisirez aisément l’association d’idées), le grââl auquel se sont abreuvés tant de fanatiques de rock alternatif cette année. D’abord, on écoute beaucoup trop de choses différentes pour considérer “Father, Son, Holy Ghost” comme un des disques importants de 2011 ; ce qu’il est probablement, mais dans un registre vraiment trop cintré à nos goûts éclectiques. Ensuite, il manque tout de même aux Girls quelques qualités pour prétendre au statut de références.
La voix de Christopher Owens, par exemple, n’est pas de celles qui se rendent capables de connecter instantanément une paire d’oreilles à ses états d’âme. Pourtant, Dieu sait si la sensibilité à fleur de peau de ce curieux personnage s’exprime ici avec beaucoup d’à-propos. Seulement, son chant vieillot biberonné aux enregistrements Sun, régulièrement souligné par des structures rythmiques directement empruntées à la surf (Honey Bunny) ou au doo-wop (les plus mièvres Saying I Love You et Love Like a River), se donne tant de mal pour émouvoir dans la retenue qu’au final, il émeut bien rarement.
Musicalement, toutefois, l’album épate à diverses reprises de par ses capacités à digérer l’héritage des maîtres du soft-rock sans (presque) jamais sonner lisse. Les très désuets My Ma ou Vomit, écrits d’une plume particulièrement ajustée, font presque aussi bien que Wilco dans ce registre, et en mode 100% vintage qui plus est. Forgiveness en serait par ailleurs le cas d’école, soit huit minutes de raffinement bluesy où les similitudes avec la bande à Jeff Tweedy frôlent le mimétisme. Habiles faiseurs, ces gens peinent à se construire une identité un tant soit peu singulière.
Notons d’autre part de bienvenus changements de tempo qui offrent, à des morceaux excellents tels que Just a Song ou le démentiel Die, une seconde vie voire une après-vie, baignée dans un océan cotonneux au psychédélisme rêveur. Dommage par contre que l’orgue de Jamie Marie se révèle quant à lui si intrusif et, à dire vrai, totalement kitsch. C’est dans ces moments d’égarement assez inopinés que les Girls se montrent les plus maladroits et nous empêchent de penser que oui, vraiment, il y a quelque chose de spécial chez ce groupe. Il ne s’en faut pourtant pas de beaucoup.
On passe parfois un peu bêtement à côté de la réussite. En réalité, s’il avait été raboté d’un petit quart d’heure superflu, “Father, Son, Holy Ghost” aurait conservé une longueur honorable et aurait pu être, à nos humbles oreilles, la perle rare que d’aucuns ont vue dans cet album. Mais, forcé de constater qu’il manque encore aux Girls un peu d’élan et une vraie personnalité, on reportera provisoirement notre enthousiasme au prochain effort. Certes, cette critique manque tout autant d’arguments un tant soit peu consistants... oui mais, sauf que là on vous avait prévenus.
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