vendredi 16 décembre 2011, par
Vous sombrerez
Vous aimez Emilana Torrini ? Check. Tant dans ses moments de folk lumineux (Smashed Birds) qu’au cœur de froides et noires catacombes vibrant de mille échos (Bad Dream), Sóley emprunte à la voix de sa compatriote cette faculté à trouver, sans carte ni étoile, le chemin des cœurs fendus.
Vous aimez Agnes Obel ? Check. Ici aussi le piano n’est qu’un prétexte, une série de touches qu’il suffit de presser dans le bon ordre pour se voir pousser une paire d’ailes (Pretty Face) ou découvrir le secret des amphibiens, et continuer à respirer sous l’eau même après que notre souffle s’est tu (I’ll Drown).
Vous aimez CocoRosie ? Check. Comme les sœurs Casady, Sóley cultive un goût singulier pour l’univers de l’enfance et ses batailles pour du beurre (Fight Them Soft) ; mais cachée derrière les moustaches de chat qu’elle s’est peintes sur le visage, elle n’enfourche les carrousels que dans le noir (About Your Funeral).
Vous aimez Soap & Skin ? Check. Dans son cabaret autrichien, la jeune chanteuse morbide s’est trouvé une grande frangine capable d’atteindre les mêmes abîmes de spleen malsain, histoire d’achever ses derniers reliquats de candeur, gommer la moindre esquisse de sourire (Kill The Clown). Même pas drôle.
Vous aimez Markéta Irglová ? Tchèque. Mais si ses ballades épurées font beaucoup penser à ses camarades de l’est, Sóley Stefánsdóttir est bel et bien islandaise. Membre des discrets Seabear et acolyte du pétulant Sin Fang, elle condense le grand froid de sa terre natale sur ce premier album minimaliste, à la fois espiègle et vénéneux.
Vous les aimez toutes et vous aimerez Sóley. Même si vous connaissez cette musique par cœur, même si vous savez que ces accords jouent un peu trop facilement avec vos propres élans d’élégie, vous sombrerez.
Peut-être aussi parce que, dehors, un ciel lourd s’épanche en pluie glacée. Parce que les gouttes qui roulent sur votre fenêtre ressemblent aux larmes d’une chanteuse triste. Et parce que c’est beau, tout bêtement. Si beau que vous suivrez ces mélodies jusqu’au fond de l’océan s’il le faut. Oui, vous sombrerez. Nous sombrons tous.
On ne peut pas dire que l’exercice de l’album de reprise soit notre préféré. Si c’est amusant à petites doses, l’aspect presque toujours hétéroclite de reprises diverses par un.e artiste ou de rerpises d’un.e artiste par une multitude est souvent rébarbatif. Mais avec une forte personnalité musicale établie avec parcimonie lors de ces 15 dernières années, on savait que la cover était un des (…)
’Cette année c’est la bonne’. C’est ce qu’on s’est dit quelques fois avant d’abandonner l’espoir d’un nouvel album de The Cure. Lequel n’était même pas indispensable, on les sait toujours capables de longues tournées de longs concerts de longues chansons. Et puis l’intégrité de la bande de Robert Smith, pronant le ticket pas cher à l’heure des prix dynamiques ou privilégiant les longues intros (…)
Il est des groupes qu’on écoute encore et pour lesquels on se demande pourquoi on s’inflige ça, déception après inintérêt. Le cas des Tindersticks est un peu différent. Si on ne peut pas prétendre avoir à chaque fois succombé aux charmes d’un album fantastique, il y avait toujours des raisons d’y revenir, de ne pas lâcher l’affaire après 30 (gasp...) années de fréquentation.
Cet album ne (…)
La nature a horreur du vide, l’industrie musicale encore plus. C’est donc une volonté de la maison de disques de propulser le crooner crépusculaire australien au sommet, déserté par des gens comme Leonard Cohen ou David Bowie pour d’évidentes raisons de décès. Et il semble que ça marche, cette sortie est précédée d’un abondant tam-tam. Pour le reste, c’est aussi la connivence qui va jouer. (…)