mercredi 11 janvier 2012, par
Jetons des ponts
On ne va pas trop tirer sur la corde des albums de 2011, mais il est temps de terminer les articles en cours. Et puis celui-ci mérite la mention
Si pour 2011 un ordre hiérarchique des albums a étédifficile à établir, il n’en reste pas moins que les découvertes furent nombreuses. Et quand ceux qui ont si brillamment conseillé récapitulent, on essaie de combler les inévitables lacunes. Et encore une fois, la fidélité envers un coin à champignons a payé.
On ne peut pas dire que ce chanteur Irlandais ne va pas nous amener dans des territoires musicaux branques ou inconnus. Ce premier album sorti en Irlande en février 2010 et ailleurs en mars 2011 (non, on n’était pas trop pressés sur le coup) est en effet dans la lignée la plus traditionnelle des songwriters, sous-catégorie des voix de tête (une idée de classement pour Laurent en 2012 ?). Mais à l’intérieur du sous-genre, il arrive à jeter des ponts entre des artistes qu’on n’aurait pas pensé associer.
Oui, la voix fera penser au Bon Iver du premier album (Hear The Noise That Moves So Soft And Low), par la délicatesse distanciée (If I Had a Boat) et la même manière délicate de trousser un morceau, même si la montée est plus franche (We Don’t Eat qui commence sur une note de piano répétée). Du folk cotonneux et champêtre. Ce n’est pas réducteur, tant c’est réussi, et sort de ce carcan avec grâce et puissance. Plus proche de nous géographiquement, il n’est pas interdit de penser à Arid (donc, par ricochet, à Jeff Buckley, ce qui est bien plus gratifiant) parce que l’énergie est moins typiquement folk (If I Had A Boat). Comme c’est bien moins joli dans l’acception mièvre du terme que ce qu’est devenu la formation gantoise, on peut s’y référer sans gêne.
En plus mainstream, on n’est parfois pas loin d’un groupe comme Band Of Horses (And If My Heart Should Somehow Stop). Ce n’est pas le plus éblouissant comme vous pouvez l’imaginer, alors qu’il lui suffit parfois de hausser le rythme pour que la flamme s’allume (Sparrow And The Wolf), ou alors de faire basculer un morceau du côté positif de la force par un chorus plus intense (Breaking Hearts), ou une mélodie vraiment réussie (Follow You Down To The Red Oak Tree), les deux procédés pouvant cohabiter sur un From The Woods en deux temps nettement différenciés acoustique puis électrique.
Quand un article passe autant de temps à des comparaisons, il serait facile d’en déduire que cet album n’est pas original. Certes, il y a des choses déjà entendues sur ce premier album, mais je n’ai pas pour habitude de bouder mon plaisir si le talent est là.
http://www.jamesvmcmorrow.com/
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