mardi 3 avril 2012, par
Pour de vrai
Entrons tout de suite dans le vif du sujet, parce qu’hier, les choses n’ont pas trainé. En effet, à peine entrés, la première surprise est de taille. Ne m’étant pas renseigné préalablement, je ne savais pas que la chanteuse de The Magnetic North était Hannah Peel. C’est donc avec plaisir que je vois la gentille rousse et ses trois amis prendre possession de la scène de l’Orangerie. La musique du quatuor s’éloigne un peu du folk assez traditionnel d’Hannah pour s’aventurer dans des parages plus électriques qui ne se refusent pas du rythme de caisse claire. C’est vraiment prometteur, et on vous reparlera de l’album. Ah oui, elle joue du violon en plus...
Sans doute que le set de Deer Tick a duré un quart d’heure de trop. Sans doute que ce qui a fait un peu retomber l’enthousiasme. Parce que s’il ne semble pas tout à fait raccord avec les autres groupes du jour, le rock de pub est très bien balancé, la voix est impeccablement éraillée, et on pense aux bons moments de The Hold Steady. Je vois trop peu de rock pour bouder mon plaisir de revoir tous ces clichés, comme le solo de sax, les soli avec guitare au garde-à-vous et les façons d’ouvrir une bouteille de bière sans cesser de jouer.
Les longs programmes ont ceci de particulier qu’on a déjà une heure et demi de musique quand déboule la tête d’affiche. La raison de mon déplacement, finalement, c’était eux. Je voulais voir le verdict de la scène. L’album chaudement recommandé par Laurent qui avait bien anticipé était trop pétri de bonnes intentions, avec trop de références à trop de groupes que j’aime trop. En plus, les morceaux tenaient la route mieux que bien, sans se présenter comme une ’simple’ synthèse. Donc impossible de snober un album avec autant de qualités. Mais je voulais quand même voir ce qui m’empêchait d’aller prêcher partout la bonne parole. J’étais venu en paix, et c’est en paix que j’ai eu ma réponse. Other Lives, c’est simplement un des grands groupes du moment. Les références, on les oublie vite, parce que la musique est fluide, qu’à 5 ils arrivent à installer du son compact qui fait la par belle à la transe. Pas par des boucles comme un Animal Collective, mais par des structures qui m’ont un peu rappelé Sigur Ros. Le concert semble aller de l’abstrait vers le concret, et les morceaux ressemblent de plus en plus à du folk. Emporté je suis.
Pour bien nous montrer qu’il ne s’agit pas d’un heureux hasard, c’est tout seul que le chanteur revient au piano, pour montrer que le son c’est bien, mais qu’il y a du talent. Arrive alors le coup bas. Leonard Cohen n’a pas toujours composé de la musique ennuyeuse de bonze réfléchissant sur la vie, on lui doit surtout de sublimes classiques. The Partisan par exemple. Facile d’émouvoir avec un tire-larmes pareil. Encore fallait-il lui donner l’ampleur nécessaire. Other Lives sait faire ça.
Non, Tamer Animals n’est pas trop beau pour être honnête. Other Lives, c’est beau tout court.
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