dimanche 1er juillet 2012, par
Retour à la grande plaine
"Je n’irai plus à Werchter" fait partie de ces phrases à l’emporte-pièce qui m’échappent parfois, comme "je n’écoute pas de rock", le genre de truc pas trop raisonné et un peu bas de plafond qu’on lâche presque sans réfléchir. Mais suffisamment peu ancré pour que ce soit vraiment le plaisir et la curiosité qui l’emportent au moment de traverser les villages pas toujours séduisants du Brabant Flamand.
Les festivals, surtout les plus gros, sont toujours l’occasion de voir, même brièvement, des groupes qui ne nous feraient pas déplacer. Mastodon par exemple, qui joue sur la grande scène quand on arrive sur l’immense plaine, est de ceux-là. Une pancarte d’un fan clame "The last of the Metal barons". C’est sans doute vrai si on en croit les critiques élogieuses et leur façon autoritaire de prendre la scène, mais l’heure est plutôt à la promenade, et bon, cette mise à jour du style de Metallica s’apprécie mieux à petite dose.
Il semble difficile de trouver un endroit moins adapté que ce festival pour la musique intime de Perfume Genius. Pourtant, le maintenant trio de Mike Hadreas passe bien la rampe du Marquee. Il semble d’ailleurs fort touché de l’accueil réservé. Evidemment, on n’est pas dans des conditions idéales comme dans une Rotonde, mais tous ses morceaux gardent leur saveur. Et puis quand on se dit que tout se ressemble un peu, il plante un magnifique Mr Peterson. Un batteur discret est un apport bienvenu et sans doute que cette musique est appelée à s’étoffer.
Gossip par contre n’est pas amené à prendre encore de l’ampleur, il est à son zénith. L’agencement de la grande scène est maintenant concentrique, avec des entrées intermédiaires pour éviter trop de mouvements pendant les concerts. Bonne idée, parce qu’une fois qu’on se retrouve devant, on sait qu’on ne devra pas se battre.
Même avec une cheville endolorie qui visiblement gêne ses mouvements, Beth Ditto assure le spectacle. Son physique hors normes, sa voix impressionnante, ses réparties toujours percutantes, tout est en place pour qu’elle donne toute la mesure de sa puissance. On sent parfois que certains morceaux ne sont pas de la même étoffe que les brûlots connus, mais toujours, toujours, la voix empêche toute mièvrerie, toute baisse de régime. Et puis il n’y a plus qu’à planter Standing In The Way Of Controls puis Heavy Cross pour entériner une prestation sans faille. Elle ira dans l’allée centrale (vous savez, cet espace sans doute pratique pour la logistique mais qui prive les spectateurs des meilleurs emplacements) pour prendre un bain de foule mérité.
Ce sera notre dernière incursion du côté de la grande scène. La présence de trois scènes (bonne idée dans l’absolu) renforce cette sensation d’avoir plusieurs festivals en parallèle, avec des choix stratégiques à faire. C’était le cas de Dour ou du Pukkelpop et Werchter embraye logiquement. Donc, pas de Jack White, de dEUS ou de Pearl Jam, artistes sortis de notre radar. Il faut dire qu’il fait beau aussi, et que flâner reste très plaisant.
Et si Lana Del Rey était un des plus gros gâchis de 2012. Il y a une grosse foule du côté du Barn, la nouvelle tente géante pour voir ce phénomène, qui semble avoir tout fait à l’envers, cherchant à être une vedette avant d’être une chanteuse. Sa présence scénique se résume à prendre la pose pour la photo, et elle descendra deux fois dans la fosse pour 40 minutes de concert, histoire de faire admirer son physique mutant. Pourtant, elle chante pas mal, et certaines chansons ont été des succès mérités instantanés. Mais le charisme n’est pas vraiment là, et les gens, une fois leur curiosité satisfaite, partent par grappes. Dommage donc, parce que la pose aurait du céder le pas au vrai travail de fond.
Espérons que Lana a eu l’occasion de voir Bat For Lashes, parce que si une personne sait prendre possession d’une scène, c’est bien la belle Natasha Khan. Et pour ne pas laisser de place au doute, elle plante d’emblée What’s A Girl To Do, sa balade hantée qui est sa signature depuis son premier bon album. On entendra beaucoup de son secondTwo Suns, et elle peut vraiment passer de morceaux noirs et habités à des titres plus lumineux sans perdre un poil de cohérence. Le tout livré avec le sourire et une présence indéniable. On aimait déjà les albums (le troisième est pour octobre), on sait qu’on voudra la revoir en concert.
Même si je suis et apprécie Beirut depuis le premier album, je suis sans cesse surpris du succès dingue que ce groupe remporte en Flandre. C’est un peu tendu pour garder les meilleures places mais on tiendra bon, contre vents, marées et Brésiliens lourdingues. De quoi voir de près un Zach Condon en forme, qui n’a qu’à dérouler, lui qui joue comme une équipe de foot à domicile. Il y aura un petit ventre mou, mais il arrivera à embraser le Barn avec quelques désormais classiques Postcards From Italy, Nantes, et un vrai rappel constitué de Mount Wroclai.
Voilà, il est l’heure de marcher loin pour retrouver son véhicule. Le retour à Werchter était une bien belle confirmation. Certes, c’est toujours une immense machine, mais tout est fait pour le confort du spectateur, et ils savent gérer la toute grande foule. Et puis il faut s’y faire, au delà d’une certaine notoriété, certains artistes ne se produisent plus que là. C’est donc plus que probablement un ’au revoir’ qu’on fait à la grande plaine.
EDIT 1 : Quelques images prises à deux sur du matériel autorisé
[Perfume Genius]
[Perfume Genius]
[Gossip]
[Gossip]
[Pyramid Marquee]
[Lana Del Rey]
[Bat For Lashes]
[Bat For Lashes]
[Bat For Lashes]
[Beirut]
[Beirut]
[Beirut]
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