Accueil > Critiques > 2004

Wilco : A Ghost Is Born

vendredi 11 août 2006, par marc


Quand ça commence par du piano aussi nettement sous mixé et intimiste, on craint le mauvais délire neurasthénique. Mais quand le riff de At least that’s what you said déboule et dégénère en pièce saturée digne des meilleurs moments électriques de Neil young et son Crazy Horse, on garde l’oreille attentive.

Et on a bien raison car cet album mature et plein mérite le détour. Laissez-lui quand même plusieurs écoutes pour qu’il livre tous ses secrets. En effet, les montées d’un morceau comme Muzzle of bees ou Hummingbird méritent une plus ample attention, pour voir comment on se fait mener là où on est. La première référence qui vient en tête est une certaine vision du rock progressif que l’on retrouve chez les longues plages de Mellon Collie etc... des Smashing Pumpkins. A des choses plus récentes comme Essex Green par exemple. L’ambiance est langoureuse mais pas plombée, le son vintage seventies (piano+guitare parfois déstructurée) mas pas passéiste.

Evidemment, on retrouve un défaut inévitable de ces musiques ciselées : elle ne résiste pas à une écoute distraite ou en sourdine. Autre chose, on appréciera cet album d’autant mieux par petits morceaux, comme de petites sucreries de fin de journée et l’écoute en boucle déforce le propos.
En ratrappant sur Internet un concert manqué de cet année à Werchter, on peut dire que les morceaux, pour denses qu’ils soient, résistent parfaitement au traitement scénique.

Un disque qui résistera au temps et aux modes. Loin des groupes en ’The’ et des hypes de la semaine, cette musique intimiste mérite le détour. (M.)

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Bright Eyes - Five Dices All Threes

    Conor Oberst a aquis très tôt un statut culte, le genre dont il est compliqué de se dépêtrer. Lui qui se surprend ici à avoir vécu jusque 45 ans (il y est presque...) nous gratifie avec ses compagnons de route Mike Mogis et Nate Walcott d’un album qui suinte l’envie.
    Cette envie se retrouve notamment dans la mélodie très dylanienne d’El Capitan. On peut retrouver quelques préoccupations du (…)

  • Cloud Cult - Alchemy Creek

    On a fatalement un panthéon de groupes indés attachants. Et tout en haut figure cette formation du Minnesota. On pourrait aussi citer The Rural Alberta Advantage ou Port O’Brien au sein de cet aéropage héritier d’une époque où l’engagement total était un style en soi. Le résultat est un charme fou lié à cette intensité réelle.
    Hors mode donc mais leur inclination pro-climat, leur volonté de (…)

  • Loma - How Will I Live Without a Body

    Prendre son temps pour écrire une critique de Loma, ça tombe sous le sens tant la richesse ce troisième album nécessite un certain approfondissement. Même si on fréquente musicalement Jonathan Meiburg depuis 20 ans, découvrir un album de Shearwater ou Loma n’est jamais anodin et il faut un temps pour que toutes ses subtilités se dévoilent. Il en a été de même ici. Petit rappel des faits, Loma (…)

  • John Grant – The Art of the Lie

    Ça fait belle lurette que le style de John Grant a évolué, et on ne cherche plus depuis longtemps des traces de son fantastique Queen of Denmark. Mais on sait aussi que ce qu’on a aimé à l’époque se trouve toujours sous une forme différente. On le découvre au détour du son profond de Marbles par exemple.
    Triturer sa voix est un choix étrange quand on sait à quel point c’est un de ses atouts (…)