lundi 1er octobre 2012, par
Envoûtement lent
Quitte à paraitre hautains ou cyniques, l’incompréhensible manque de succès de formations comme Shearwater ou Get Well Soon nous permet de les voir souvent dans des salles qu’on adore et d’avoir l’impression d’avoir percé un secret. Le coup de foudre pour la formation de Konstantin Gropper a en tout cas été immédiat et ne s’est jamais éteint, preuve que des choses peuvent durer ici-bas. Découverts au cours d’un concert (je les ai revus 5 fois depuis), ils n’ont en effet jamais déçu, et si le premier album était plus immédiatement accrocheur, le second l’a rejoint sur la longueur.
Rest Your Weary Head You Will Get Well Soon faisait penser à plein de choses, semblait picorer dans plein de directions, vers plein d’artistes qui nous sont chers. Avec le recul, c’est un album qu’on a toujours autant de plaisir à écouter, et certains morceaux se sont placés parmi nos préférés, tous genres et époques confondus. On savait depuis Vexations qu’il ne faudrait plus trop compter sur les tentations post-rock, les cuivres comme meneurs de danse, les décharges brusques d’adrénaline, mais une intensité plus subtile. C’est ce sillon-là que Gropper a décidé de creuser. Sans doute qu’il approche de plus en plus de la forme qu’il voudrait, mais l’abord d’un nouvel album nécessite de plus en plus de temps. Et il en faudra un peu pour comprendre qu’il se rapproche de la musique de film (un morceau ne s’appelle pas Disney pour rien), et qu’il n’hésitera pas à ajouter des chœurs qu’on croirait directement exhumés des seventies (Just Like Henry Darger).
Surtout que le premier morceau peu engageant. Enfin, il est bon, ce n’est pas ça, mais il traine une mélancolie qu’on aurait pensé retrouver sur une seconde partie d’album, et ce n’est pas une porte d’entrée facile. Mine de rien, Gropper à la grandiloquence plutôt discrète, et sa musique ne nécessitera certainement pas de stades pour s’exprimer. La lenteur n’est même pas un piège, ou alors elle est bien exploitée sur Oh My ! Good Heart.
Fort heureusement, on remarque vite deux morceaux qui vont grandir la liste de ceux qu’on chérit chez eux. The Last Days Of Rome ou le très dense Courage, Tiger ou You Cannot Cast out your Demons (You Might As Well Dance) nous procurent ces moments d’euphorie triste qu’on est venus chercher, et font qu’on replace cet album sur la platine (image désuète que voilà) pour espérer en saisir toutes les subtilités.
Et ça marche, parce que si les morceaux n’ont pas fini leur chemin au moment de coucher ces lignes, on sait qu’on a trouvé ce qu’on est venu y chercher, c’est-à-dire une raison de prolonger l’idylle avec Get Well Soon. Il y a des précédents à ce genre d’album, comme le déconcertant We Love Life de Pulp. Mais si je n’ai toujours pas trouvé l’entrée de la dernière production de la bande à Jarvis Cocker datée de 2001, cet album s’est dévoilé petit à petit. On pense d’ailleurs plus littéralement à la formation de Sheffield sur Roland, I Feel You.
La version deluxe de l’album contient un second cd plus en phase avec le délire proposé sur leur site web, qui a ressemblé un moment à celui d’une parodie de secte. Le ton est donc différent, avec une voix off et des délires post-modernes dignes d’une bande-son d’anticipation des années ’70. Immédiatement sympathique mais pas tout de suite émouvant, cet album se dévoilera au cours des écoutes, lentement. Ca tombe bien, avec Get Well Soon on a tout notre temps.
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