jeudi 13 décembre 2012, par
Question de style
Difficile de faire plus constant que Bat For Lashes. Après trois albums, on peut dire que jamais Natasha Kahn ne s’est plantée. Mieux même, le style s’affine, et si les éclairs sont moins flamboyants, la constance est toujours au rendez-vous.
Il y a cependant quelque chose qui m’a retenu de me lover complétement dans cette musique, ce qui explique aussi le long délai de parution de cet article. Alors qu’en concert, il suffit à Natasha d’arriver avec son sourire pour qu’on entre avec délectation dans cet univers. De retour sur l’album, on a certes le souvenir de ce que peuvent devenir ces morceaux, mais ils semblent plus mystérieux. Et puis c’est apparu. Tout en sensibilité, cette musique n’est pas chaleureuse. La voix a beau être expressive, les orchestrations denses, il faut une part d’investissement personnel pour en tirer le meilleur. Sur scène, c’est Natasha qui s’en charge.
Ce troisième album ne manque pas de style, mais il est toujours aussi facile à identifier que difficile à définir. L’enchainement des deux premiers morceaux permet de balayer une bonne partie du spectre, sombre mais lumineux, entre introspection et sens du spectacle. All Your Gold est ainsi très nu et puis prend de l’ampleur sur le refrain. La voix, très versatile, m’a fait penser à celle de Roisin Murphy. Même si on sent son implication un Oh Yeah reste un peu distant. Mine de rien, les effets peuvent être très variés, de la pop synthétique d’A Wall aux jolis violons qui soutiennent Winter Fields.
Natasha sait comment on monte une sauce, on le savait déjà, et le prouve encore sur la plage titulaire, avec son roulement de batterie et ses chœurs faussement placides. Et puis il y a Laura, morceau marquant de sa discographie et de cette année. On retrouve aux manettes un certain Justin Parker, qui a aussi participé au Video Games de Lana Del Rey. Sans doute que la comparaison est facile et sans doute basée sur cette journée de Werchter où on a pu voir les deux sur la même scène, mais on mesure à quel point le talent ne suffit pas, et qu’il faut du charisme pour transcender le tout. Espérons que la poseuse boudeuse de New-York prenne des notes.
C’est un album qu’il m’a fallu apprivoiser petit à petit, parce que les premières écoutes, bien que très familières, n’étaient pas complétement gratifiantes. Une fois posée la relative froideur de la musique, qui contraste avec le rayonnement du personnage, on peut ajouter cet album aux deux autres dans le rayon des incontestables réussites.
Certains albums résistent. Non pas à l’écoute, celui-ci nous accompagne depuis trois mois. Mais à l’analyse. Leur fluidité n’aide pas le critique. Mais sera appréciée par l’auditeur, on vous le garantit. Eilis Frawley est une batteuse à la base, notamment au sein de Kara Delik dont on vous reparle prochainement. C’est manifeste au détour de morceaux comme People qui s’articule autour de cette (…)
C’est sans doute une contradiction, mais on peut conserver un excellent souvenir d’un album ancien tout en confessant avoir loupé ses successeurs. Heureusement, le hasard (et les distributeurs) sont là pour nous remettre sur le droit chemin. Issu d’une scène suisse dont on ne cesse de (re)découvrir la profondeur, ce groupe de Lausanne nous offre une nouvelle expérience sonore.
On avait (…)
How come you, too, assume your opinion counts ?
Si cette phrase eut être rude si elle est adressée à un critique du dimanche comme votre serviteur, il prend une autre dimension quand il traite du droit des femmes à disposer de leur corps. Parce que chez la Suissesse Gina Eté, le fond est consubstantiel de la forme. Et cette forme prend encore de la hauteur après un premier EP et un album qui (…)
‘Si ça va trop vite ou trop fort, c’est que vous êtes trop vieux.’
C’est ce que veut l’adage et l’Italien Enzo Pepi a décidé de le prendre à contrepied, intitulant son album d’une réflexion souvent entendue. Mais on se doute qu’on lui fasse encore la remarque. Surtout que de fureur il n’est finalement pas question ici. Ce vétéran italien de la scène rock/noise utilise la distorsion, certes, (…)