dimanche 27 janvier 2013, par
Après le virage
Il était temps que les critiques de l’année recommencent, et on va reprendre en douceur avec une vieille connaissance. Enfin, pas si vieille que ça, vu que ce n’est que le troisième album pour la formation de Syracuse, NY. Mais ils ont déjà connu leur grand virage, en tournant le dos à leur pop complexe (trop) bardée de violons pour tenter une pop (encore plus) complexe mais plus solide dans la production. Donc, ce groupe n’a jamais été aussi charmant qu’il l’aurait espéré, à cause de mélodies trop alambiquées pour rentrer dans l’oreille. Pourtant, il en faut plus pour écorner notre potentiel de sympathie.
Comme ce troisième album est encore plus synthétique que le précédent The Orchard, il impose une grille de lecture différente. Ils semblent renier les cordes qui avaient fait leur réputation (et la totalité de leurs réussites), même s’il en reste encore des traces. Dans la même catégorie du dernier Fanfarlo, Choir Of Youg believers ou Yeasayer et autres Shins, c’est-à-dire des groupes ayant fortement dévié de leur plan de base et qui se sont retrouvés à faire la même chose pour ne pas se laisser enfermer dans un carcan indé trop daté. Donc, oubliez une fois pour toutes la joyeuse mélancolie de Dying Is Fine (leur insurpassable morceau).
Ils ont donc réussi un album un peu plus solide, avec des moyens différents, comme un tempo plus élevé pour passer en force (Binary Mind), ce qui manque de la plus élémentaire subtilité mais bon, il faut reconnaitre que ça fonctionne tout comme le gros son qui Beta Love. Les voix de tête ne sont toujours pas ce que je préfère. Disons même pour être honnête que c’est une franche réticence de ma part. On peut penser à celle de Mercer des Shins sur Dance With Me, mais on les perd carrément le temps du refrain de What I Do For U). Il est en tout cas sympathique de les voir délirer à la guitare. Qui fait encore ça de nos jours ? My Morning Jacket ? Mais, peut-être un peu embarrassés, ils stoppent net. C’est en tout cas plus original que l’obligatoire poncif des synthés années ’80 (Angel Please)
Ce court album (il dure à peu près le temps d’un long morceau de Godspeed) devra être abordé comme celui d’un groupe nouveau, qui veut s’émanciper et se retrouve à faire la même chose que d’autres formations. Cette hypothèse posée, cet album marque une amélioration par rapport au précédent, même s’il ne devrait pas longtemps hanter nos ipods.
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