mercredi 16 octobre 2013, par

Kevin Barnes avait perdu pas mal de monde avec l’album précédent, très inégal et masquant un manque d’inspiration par un changement perpétuel épuisant sur la longueur. On savait que les variations seraient là, mais elles étaient un perpétuel défi à l’attention. C’est la première bonne surprise de cet album (le douzième…). On n’attendait un album qui glisse dans l’oreille et c’est sans doute le premier album d’Of Montreal auquel on puisse associer les qualificatifs de ‘plaisant’ et ‘agréable’. Et même dans le chef d’un artiste singulier et intransigeant, ce n’est ni anodin ni dépréciateur.
Pourtant, on est tellement dans un album d’Of Montreal qu’il est difficile de définir ce qu’on ressent et encore plus d’établir des comparaisons. Tout au plus se dit-on que le riff du premier morceau pourrait introduire un morceau de Blur.
Pourtant, au fil des écoutes, une idée étrange devient de plus en plus insistante. Musicalement, cet album m’a énormément fait penser à… Bob Dylan. Par exemple, Belle Glade Missionnary pourrait être un morceau de Blonde on Blonde si cet album avait été enregistré Chez Maman. Il y a même le phrasé lâche du maître de Duluth, ce qui est flagrant sur Imbecile Rages au refrain plus festif. Le spectre du Dylan d’Highway 61 Revisited plane sur Hegira Emigré. On pourrait aussi ajouter qu’ils partagent le même goût pour l’apposition de très clair et d’obscur, de complication et de limpidité. Pour rester dans la même époque, la folie latente pourrait le rapprocher de Syd Barrett. Revisiter les sixties n’est pas la même chose selon qu’on s’appelle Barnes ou Deschanel.
Et puis on écoute les paroles de Colossus et on prend un coup sur la tête. « Your mother hung herself in the national theater when she was 4 month pregnant with your sister”. Cotillons, tout ça tout ça. Et on n’est pas au bout puisqu’on croisera aussi un “I make myself a monster just to feel something ugly enough to be true” sur Triumph Of Disintegration qui martèle “Running away solves everything”. Et ce ne sont que des exemples pris au vol. On ressent cette bienvenue lourdeur tout au long du Lent et désespéré Obsidian Currents. Pourtant, ce n’est vraiment pas la morosité qu’on ressent au sortir de cet album qui reste un pur produit Of Montreal, festif malgré tout.
Finis les morceaux qui changeaient de direction toutes les 27 secondes, Kevin Barnes arrive à fixer son attention et la nôtre. Est-ce la lassitude qui le pousse à plus de sobriété ? On ne sait pas vraiment, parce que si les textes n’ont jamais paru aussi noirs, ceci est l’album le plus fluide d’Of Montreal. Kevin Barnes semble revenir vers nous, sachant qu’il n’a pas à craindre pour son originalité, qu’il peut conserver tout ce qu’on aime chez lui.
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