Accueil > Critiques > 2013

Moonface - Julia With Blue Jeans On

mardi 29 octobre 2013, par marc

Tout seul comme un vrai grand


On ne sait pas quand Wolf Parade reprendra le chemin des studios et des scènes, mais il semble que les deux comparses principaux se soient trouvé des occupations bien intéressantes. Pour Dan Boeckner, c’est avec Brett Daniels des géniaux Spoon qu’il a formé les Divine Fits et ils semblent très bien s’amuser. Non seulement le prolifique Spencer Krug multiplie les groupes tous enthousiasmants (Wolf Parade, Sunset Rubdown, Swan Lake, Moonface) mais au sein même de ce qui apparaît comme son projet le plus personnel, il différencie nettement les albums. Après un premier enregistré tout seul mais avec un renfort technologique et le sombre et dense Heartbreaking Bravery avec une formation finlandaise, le voici tout seul avec son piano.

Cet album a suscité une certaine attente chez quelques-uns dont je me compte. On le savait, un piano et sa voix, on n’a pas besoin de beaucoup plus. De rien de plus en fait. Quand la mélodie du premier morceau se fait tortueuse, on sait qu’on va le suivre dans ses chemins escarpés. Barbarian est tout simplement intense et captivant. Et comme il enchaîne d’emblée avec Everyone Is Noah, Everyone Is The Ark qui avait servi de très alléchant teaser de l’album, on est définitivement conquis. C’est un des morceaux les plus percutants de cet album, avec un certain crescendo. Bien entendu, il est presque impossible de maintenir ce niveau, surtout que s’enquiller 10 chansons qui ne se permettent rien d’autre que du piano et de la voix est un exercice âpre à mener à bien sur la longueur. Il est tellement peu inhibé qu’il n’hésite pas à se lancer dans un instrumental.

Sa voix et son ton restent particuliers, mais la bonne surprise est qu’il n’en fait pas des caisses, même si on sent que la pédale forte du piano est enfoncée à fond la plupart du temps (Barbarian II, November 2011). Le joli November 2011 comporte une mélodie évidente, démontrant que ce garçon maitrise le songwriting classique, indépendamment des circonvolutions dont sa musique est capable. Les albums de Sunset Rubdown ne sont par exemple pas toujours limpides.

Il y a donc les morceaux où notre imagination d’auditeur ne crée pas d’environnement plus spacieux à ces morceaux qui se suffisent à eux-mêmes et qui constituent logiquement les plus évidentes réussites déjà mentionnées auxquels on ajoutera la plage titulaire qui décide de repartir. Mais c’est aussi un des morceaux où on imagine qu’un apport extérieur aurait pu encore rendre la chanson plus percutante. Dreamy Summer est plus répétitif et un rien moins intéressant. Puis ce long morceau s’emballe tout seul avec le piano seul. Oui, c’est un de ces moments où on pense à ce que la guitare de Boeckner pourrait apporter.

Il n’y a plus qu’à aller vérifier tout ce que cet album donne en public. Ce sera au Stuk de Leuven et on vous en reparlera. Le talent de Spencer Krug est pour nous tellement manifeste qu’il semblait tout à fait logique qu’il se lance un jour ou l’autre dans un projet comme celui-ci (et transforme l’essai d’emblée) avant de sans doute repartir vers de nouvelles aventures. La discographie de Moonface commence mine de rien à avoir une sacrée gueule…

http://www.moonface.ca/

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

3 Messages

  • The Rural Alberta Advantage – The Rise and The Fall

    En caricaturant, on avait défini le style de Rural Alberta Advantage avec une voix éraillée et une batterie fièrement en avant. Et on a tout ça ici, d’emblée. On se retrouve d’autant plus en terrain connu que les 6 premiers morceaux sont ceux de The Rise EP paru l’an passé. Ce qu’on en a dit tient toujours bien évidemment.
    Mais il y a encore quelques morceaux saignants comme Plague Dogs. C’est (...)

  • Spencer Krug - I Just Drew This Knife

    Les choses sont sans doute un peu plus simples depuis que Spencer Krug officie sous son nom propre mais ce n’est pas ça qui a ralenti sa légendaire productivité. Pour jeter un peu de confusion tout de même, il reprend la route avec Sunset Rubdown...
    La transition de Moonface à Spencer Krug s’est faite en même temps que son apparition sur Patreon. En gros, c’était le versant plus personnel, distillé (...)

  • Metric – Fromentera II

    En général, la productivité d’un.e artiste croit rarement avec les années. Mais il y a des exceptions. Alors que leur rythme était plutôt d’un album tous les trois ans, Metric livre déjà un successeur au Fromentera sorti l’an passé. Il se présente d’ailleurs comme le second volet d’un dyptique. La premier nous avait d’ailleurs laissé une impression très favorable, avec en exergue un dantesque Doomscroller (...)

  • Islands - And That’s Why Dolphins Lost Their Legs

    Peu de groupes ont pu garder une image de sympathie aussi tenace au fil des années. Avec ce neuvième album pour autant de critiques ici, pas de doute, on est en terrain connu. La continuité est aussi assurée par ce line-up inchangé depuis le dernier album et le même Patrick Ford qui assure la production tout comme celle de !!!.
    Ce titre d’album fait une entrée immédiate dans les plus improbables. (...)