Accueil > Critiques > 2013

Shearwater - Fellow Travellers

mardi 17 décembre 2013, par marc

Les copains d’abord


On se calme, tout le monde, ceci n’est pas un ‘vrai’ album de Shearwater mais la longtemps attendue collection de reprises puisées dans la discographie des groupes avec qui ils ont tourné. Exercice toujours compliqué mais presque toujours amusant, l’album de reprise est souvent une occasion de faire valoir son talent d’interprétation ce qui ne manque certainement pas à la bande de Jonathan Meiburg.

Comme les compilations et les live, les albums de reprises sont aussi les moins fascinants à commenter mais fort heureusement, il y a de la matière ici. Première constatation, l’identité des repris est très variable, allant de groupes vraiment institutionnels comme Coldplay à des artistes plus obscurs. Des premiers nommés on retrouve Hurts Like Heaven dont on se doute que la fin plus bruitiste ne figure pas sur le morceau d’origine. David Thomas Broughton émarge définitivement à la seconde catégorie et Ambiguity est d’une sobriété qui tranche avec le souvenir de son irritante prestation en première partie des Texans.

Il y a quelques moments plus forts, comme I Love The Valley, Oh des inquiétants Xiu Xiu. Sans que je sache trop pourquoi, j’ai toujours trouvé ce groupe fascinant mais un peu anxiogène. La tension est forcément moindre ici. Profitons-en pour rappeler le troublant projet commun de Jonathan Meiburg et Jamie Stewart, Blue Water Black Death. Des liens existent donc entre les deux formations. Au rayon des communications d’ailleurs, il est probable que je ne vous parle pas de Nina, le projet de Xiu Xiu reprenant Nina Simone, l’exercice se révélant un peu aride pour votre serviteur.

On comprend bien que la mignonne Annie Clarke signifie son refus d’être une cheerleader, on le conçoit tout de suite un peu moins de Jonathan. Cette reprise de St Vincent est cependant à la hauteur, bien plus charpentée que la version originale. Il n’y a pourtant pas plus opposé au lyrisme de Shearwater que le post-punk tendu et fiévreux des Anglais de Clinic. Sans cette tension, Tomorrow (c’est sur Do It !) est moins ramassé et moins percutant, mais le talent d’interprétation est là et ne dénature pas le propos.

La voix féminine sur Wake of The Minotaur est celle de Sharon Van Etten. Ce morceau a d’ailleurs été sorti pour la journée des disquaires et ne constitue pas une surprise, au contraire de l’exhumation de Natural One (de Folk Implosion, avec Lou Barlow dedans) dont le gimmick de refrain reste percutant.

D’autres morceaux semblent s’inscrire plus naturellement dans la discographie de Shearwater. Fucked Up Life vient d’un groupe plutôt inconnu au bataillon, The Baptists Generals et semble tout droit sortie d’Animal Joy, même si les paroles ici très frontales ne sont pas typiques de l’écriture volontiers cryptique de Meiburg.

On ne va pas se mentir, cet album de reprises n’est là que pour calmer l’attente d’un album plus personnel mais il est facile de se prendre au jeu de cet album varié mais cohérent qui renforce encore l’envie de revoir Shearwater.

http://shearwatermusic.com/

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

2 Messages

  • Shearwater - Fellow Travellers 15 janvier 2014 14:23, par manu

    Vivement leur retour à la Rotonde le 29 avril :)
    Et a propos de The Baptist General, as-tu écouté leur album "Jackleg devotional to the heart" ? Un des albums de l’année pour moi !

    repondre message

    • Shearwater - Fellow Travellers 15 janvier 2014 15:00, par Marc

      On a nos tickets évidemment...

      Je savais que je devais me mettre à la recherche des Baptists Generals, le morceau m’avait tapé dans l’oreille !

      repondre message

  • Raoul Vignal – Shadow Bands

    On apprécie toujours le retour d’un ami de longue date, surtout s’il reste empreint d’une grande beauté. Comme on l’avait signalé à la sortie du précédent Years in Marble, il s’éloigne d’influences comme Nick Drake (avec un picking virtuose) pour favoriser un mid-tempo qui coule de source comme South, Brother qui relate ses retrouvailles avec son frère qui vit en Espagne. La finesse d’écriture (…)

  • The Golden Son - I am Who am I

    On l’a dit, on connait remarquablement peu d’artistes pour les plus de 2000 critiques écrites ici. Pourtant quelques camaraderies virtuelles ont pu se développer. A force de commenter les albums de The Imaginary Suitcase, j’ai même eu droit à une écoute préliminaire de cet album. Ceci est juste une petite mise au point au cas où vous viendrez fort légitimement douter de mon objectivité en la (…)

  • Bright Eyes - Five Dices All Threes

    Conor Oberst a aquis très tôt un statut culte, le genre dont il est compliqué de se dépêtrer. Lui qui se surprend ici à avoir vécu jusque 45 ans (il y est presque...) nous gratifie avec ses compagnons de route Mike Mogis et Nate Walcott d’un album qui suinte l’envie.
    Cette envie se retrouve notamment dans la mélodie très dylanienne d’El Capitan. On peut retrouver quelques préoccupations du (…)

  • Fink – Beauty In Your Wake

    Un écueil fréquent auquel se frottent les artistes à forte personnalité est la répétition. Quand on a un son bien défini, un univers particulier, les variations sont parfois trop subtiles pour être remarquées ou remarquables. Si vous avez écouté deux albums de Stereolab vous savez de quoi on veut parler. Si on identifie un morceau de Fink assez vite, il y a malgré tout suffisamment d’amplitude (…)