samedi 1er février 2014, par
Même pas peur !
Peu de choses me font peur, à part les seringues et Jamie Stewart. Certes, il y a cette voix qu’on imagine enregistrée au fond de l’armoire où il s’est caché des monstres. C’est au-delà de l’affectation, c’est un style en soi. Et puis il y a ces éruptions, cette tension qui nait de la certitude que l’explosion peut intervenir n’importe quand. Et quand Nathan Fournier de playlistsociety lui a demandé de faire son bilan 2013, il en a profité pour sortir une suite de haikus sur le nihilisme. Non, ce garçon n’est pas ordinaire.
A l’inverse d’un Alice Cooper ou d’un Marylin Manson, ce n’est pas une couche de sang apposée sur des morceaux un somme toute plus conventionnels, mais un vrai état d’esprit. Les publics ne sont pas les mêmes, et il me semble tout à fait normal de ne pas être sensible à la musique de Xiu Xiu tant elle est âpre parfois et laisse beaucoup de place au ressenti. Pour moi, sa musique a le même pouvoir anxiogène que celle de Suicide (qu’ils reprennent sur scène de façon forcément convaincante). Et, à l’instar des enfants qui veulent réentendre une histoire qui les effraie, il y a aussi un effet addictif.
La musique souligne cette tension, même si d’une manière générale elle reste moins dérangeante que la voix. Ce ne sont pas des nappes de synthés décontractantes pour autant. Les instruments sont souvent électroniques, et la rythmique rend le tout plus expressif et plus digeste à la fois. Articuler un morceau sur les rythmes rend Black Dick irrésistible et intrigant. La nervosité évoque une poursuite devant le danger (Cinthya’s Unisex). Dans quel état doit-on se mettre pour enregistrer ce genre de morceau ? Bitter Melon est quant à lui un morceau accessible, reposant sur une progression d’accords émouvante et un rythme simple tout de même rehaussé de sons plus arides (on ne se refait pas).
Vos petits nerfs ne seront sans doute pas reconnaissants d’avoir écouté The Silver Platter et ce n’est sans doute pas une bonne idée de faire écouter ceci à votre entourage non averti. De même, certaines poussées de fièvre d’Adult Friends ou El Naco contribuent à ce climat anxiogène, qui est très bien dosé et réparti. Ecouter cet album est une expérience, certes, mais plutôt revigorante, même si dans le détail, certains moments sont un peu rudes (A Knife In The Sun). :Red Classroom est là pour donner le dernier petit frisson (genre de celui qui est la réaction de la craie sur un tableau) avant la fin.
Parfois l’intransigeance de James Stewart ne nous permet pas de le suivre, et on n’a pas pu accrocher l’an pasé aux wagons de son vinyle en collaboration avec Eugene Robinson et Nina. Mais quand il reprend les choses où ils les avaient laissé avec Always avec cet album inspiré d’un vieux film érotique japonais, on replonge instantanément. James Stewart est un artiste, avec une vision, un univers, et il dégage la sensation qu’il vit ce qu’il crée.
Difficile de revenir après plusieurs années d’absence, surtout si on était associé à un courant qui s’est un peu éteint. C’est en effet dans la vague freak-folk, mêlant écriture et musique aérienne et organique à la fois qu’on avait placé DM Stith. Avec son pote Sufjan Stevens ou autres Grizzly Bear, il était même un des plus éminents représentants de ce style qui nous a valu bien du plaisir.
Toujours aussi (...)
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