mercredi 26 mars 2014, par
Au Revoir Simone, Gem Club, Tokyo Police Club
En 2014 aussi, on reprend l’idée des critiques plus courtes pour des albums qu’on n’a pas envie de passer sous silence.
Ca fait plusieurs années qu’on était sans nouvelles du charmant trio de Brooklyn, et d’emblée, on ne peut s’empêcher de constater que cet album est plus sombre. Non, elles ne veulent pas affronter Zola Jesus. Non, elles ne se sont pas transformées en harpies gothiques, et ce n’est pas la poussée d’hormones mal vécue à la Miley Cirus non plus. Le plus remarquable finalement, c’est que ça reste du Au Revoir Simone sans le moindre doute
Alors oui, il y a toujours une certaine mélancolie. Just Like A Tree est sans doute ce qui est de plus proche de ce qu’elles ont fait, surtout pour ces sons de synthé. Gravitron a une batterie synthétique qui les rapproche tout de suite plus de la synth-pop. Boiling Point est plus rêveur. C’est seulement dans la dernière minute que le morceau bascule presqu’imperceptiblement vers plus d’intensité et de mystère. Parce que la réussite est là, dans cette évolution subtile, dans ce buzz en fond de The Lead Is Galopping, dans ce chorus de Crazy qui se fait sur des sons plus bruts qu’auparavant et un son de basse (très discret) qu’on aurait plus volontiers retrouvé chez The Cure et puis dans le sombre et lancinant We Both Know.
Au Revoir Simone a trouvé d’emblée le bon dosage pour sa transition. Alors que les formations qui remettent les couleurs des années ’80 au goût du jour sont vraiment légion, la pop sucrée (dont on a pensé se lasser) du trio passe d’un seul coup à l’âge adulte et garde ses qualités de fraicheur et de mélancolie en l’enrobant d’atours plus sombres. Bien joué les filles !
http://www.aurevoirsimone.com/
Les groupes en chambre ne sont pas toujours composés d’un seul membre. Par exemple, Gem Club dont on vous avait dit tant de bien était un duo. Etait parce que maintenant, ils sont trois. 50% de bruit en plus donc. Heu… non, Gem Club a compris où étaient ses qualités et continue à s’appuyer sur elles.
On retrouve donc ce qui avait plus sur Breakers. Quelques entrelacs de voix donc et puis le second morceau prend déjà son temps pour étirer le jeu croisé des cuivres et du piano. Non, ce n’est pas un album pour gens pressés, pour amateurs de zapping et d’émotions immédiates.
Parfois, il y a ce moment, cet instant où on se dit que la musique qu’on écoute est en adéquation avec le moment qu’on vit. J’ai eu ça avec Idea For Strings. Plusieurs fois même, ce qui est troublant. Et puis il y a le petit gimmick lancinant d’Hypericum ou le très emballant Soft Season. Et puis on retrouve à la fois la classe hiératique d’Eluvium (QY2) et l’impression d’écouter ce que ferait Antony s’il était un peu moins affecté (faites un effort d’imagination). Pour toutes ces raisons, Gem Club reste un groupe extrêmement attachant qu’on conseille toujours.
Du post-punk fiévreux des débuts, il ne reste finalement pas grand-chose chez Tokyo Police Club mais c’est un des rares groupes de pop musclée à guitares que j’écoute encore. Notamment parce qu’ils ont toujours réussi à garder une dose de fun comme en témoigne leur dernier album de reprises.
En voyant que le premier titre est Argentina (part I, II, III), on songe une seconde qu’ils se sont mis au rock progressif ou symphonique. D’accord, cette introduction dure 8’30’’ mais c’est du Tokyo Police Club pur jus même si on les sent plus policés. Leur évolution est cependant logique, même si elle dévie radicalement de nos attentes. Ce n’est pas un virage brusque, mais quelques petits ajustements de cap qui les amènent hors de notre radar.
Hot Tonight est même le morceau le plus maintream qu’on leur connait et on a peur qu’il en appelle bien d’autres. Beaches est clairement surproduit, avec ses claviers qui semblent bien inutiles. Ceci dit, pour ceux qui aiment les guitares mais pas trop, Forcefield passe d’un coup d’un seul sans forcer.
Les albums rock sans le petit supplément d’âme sont typiquement ceux pour qui j’ai le moins de mansuétude. La sensation d’avoir perdu en route un groupe prometteur est tout de même très présente. Rien n’était reconnaissable ici, rien ne donne l’envie d’être réécouté. Soyons honnêtes aussi, rien n’est irritant non plus mais bon, la maturité est sans doute ce qu’il peut arriver de pire à un groupe qui mise sur la fraîcheur. Ils rejoignent donc les Subways sur la pile des ‘anciens potes’.
http://tokyopoliceclub.tumblr.com/
On avait appréhendé l’univers de Lazy Day à travers un morceau à la fois rêveur et tendu. Concrete dégage un charme qui nous rappelle notre attachement à Broken Social Scene et on le retrouve ici mais ce n’est qu’une des nombreuses facettes développées par Tilly Scantlebury (de Londres). Ce qui déconcerte, c’est précisément de ne pas être plus déconcertés quand on fait le détail qui balaie (…)
Il semble qu’Andrew Bird puisse disputer à Rufus Wainwright le prix de la dispersion des envies musicales mais on peut aussi dire avec un peu de certitude que le premier l’emporte dans l’intérêt de ses projets parallèles. Après avoir exploré l’ambient in situ avec ses Echolocation et sa relectured’Inside Problems et attaqué des standards de jazz, le voici qu’il s’allie à Madison Cunningham (…)
La présentation du second album de Saint Sadrill name-droppe James Blake, Mark Hollis, Scott Walker et St Vincent. Ambitieux évidemment, contre-productif peut-être mais on ne peut nier une certaine pertinence là-derrière. Ce qu’on peut en déduire aussi, c’est que si ces climats amples et les surprises font partie de vos plaisirs d’écoute et si aucun des exemples ne vous rebute, vous prendrez (…)
The Smile a décidé de se conformer à son propre agenda créatif et donner un successeur à Wall of Eyesmoins de neuf mois après sa sortie. Cette faconde nouvelle donne un nouveau regard sur le groupe. Au lieu d’une attente fiévreuse pendant de longues années pour un album poli et re-poli, on a accès à leur créativité de façon plus directe et on peut dire que c’est une bonne chose. Signalons tout (…)