vendredi 16 mai 2014, par
Pop des champs
Même s’il s’agit d’un projet parallèle de membres des Decemberists, c’est la première fois qu’on vous parle de Black Prairie. Il serait tentant de comparer cette formation à une qui nous est familière, mais c’est bien plus qu’une escapade pour Chris Funk et Nate Query. De plus, vous n’entendrez pas la voix particulière de Colin Melloy. On avait senti chez la formation de Portland un franc retour aux sources, une claire préférence pour la limpidité d’écriture et c’est sans doute pour retrouver une veine plus ‘pop’ comme celle de The Crane Wife qui a poussé à cette diversification.
Black Prairie évoque un peu ce qu’on entendait sur un autre projet qui comportait bien plus de têtes d’affiche : The New Pornographers. D’ailleurs, Neko Case n’est pas toujours loin mais ils semblent prendre un malin plaisir à surprendre. Le très lisse Fortune dérive en effet vers un rock échevelé et si Songs To Be Sung est délicat comme du Leisure Society, c’est pour mieux se faire ponctuer d’un chorus en accords mineurs du plus bel effet.
L’écriture n’ayant pas la limpidité de celle des Decemberists, les morceaux plus lents sont moins emballants (Let Me Know Your Heart, le mollasson If I Knew You Then). Ils s’en sortent logiquement bien mieux quand ils misent sur la rondeur du son et une puissance de feu qui détonne avec le bluegrass dont ils se revendiquent. Les réussites sont plus manifestes quand il y a plus de force (The White Tundra, Trask) ou de mélodies (Let It Out que je vous propose ci-dessous ou The 84)
La musique folk et traditionnelle s’affirme souvent dans la délicatesse et la finesse. Black Prairie prend un peu le contrepied avec un son rond et puissant et un ton plus pop et léger. Un petit pas de côté qui a le mérite de la fraîcheur donc.
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Il y a des artistes qu’on côtoie depuis très longtemps, dont l’excellence semble tellement aller de soi qu’on est surpris qu’ils arrivent à se surpasser. On la savait sociétaire d’un genre en soi dont d’autres membres seraient Angel Olsen ou Emily Jane White, voire Bat For Lashes. De fortes personnalités à n’en pas douter. Mais sur cet album, le ton est bien plus rentre-dedans que chez ses (…)
On a déjà avancé l’idée que The National serait le plus grand groupe de rock du monde. Ou alors pas loin. Mais sans doute par défaut. Il faut dire que leur succès est arrivé sur le tard et presque malgré eux. Ils peuvent se targuer d’une impressionnante discographie. Et puis il y a cette sensation que les albums s’enchainent sans que leur statut n’impose leur contenu. Ils arrivent à avoir des (…)