mercredi 18 juin 2014, par
La plaisanterie est connue mais toujours plaisante. On peut distinguer un groupe de post-rock à l’énergie qu’il met à nier l’étiquette. Et dans le cas de Cecilia::Eyes, les références évidentes pour leurs premières sorties ne sont plus vraiment de mise puisqu’on a compris dès l’album précédentHere Dead We Lie qu’ils avaient décidé de tracer leur voie seuls. Avec un peu de recul, l’évolution depuis leurs tout débuts est très logique et manifeste. Leur concert récent annonçait en tous cas clairement la couleur.
Le premier morceau prend son temps parce que cet album se destine aux connaisseurs, à ceux qui savent prendre leur temps, qui aiment savourer de temps à autres. Certes, il y a bien des morceaux qu’on peut appréhender hors du cadre de l’album (on y reviendra) mais le séquencement même de ce Dissapearance est très pertinent. Puisqu’après une longue mise en bouche, on est prêts pour la lente et galopante montée de Lord Howe Rise. C’est sur ce modèle que les morceaux sont construits, sur une sourde progression plutôt qu’un déferlement d’adrénaline ou de brusques accélérations.
Le tempo est lent et les guitares s’érigent en murs sur Loreta et c’est dense et bon. C’est là qu’ils donnent leur meilleur, qu’ils arrivent à faire vibrer. J’ai toujours besoin d’un morceau préféré pour entrer dans un album, et le voici. Il m’a aussi évoqué un de mes meilleurs souvenirs post-rock, à savoir les concerts renversants de Joy Wants Eternity à Seattle.
Swallow the Key commence presque comme un Underworld et on appréciera beaucoup la tenion lente qui s’installe sur ce morceau. Default Descent est ainsi complétement orienté vers une montée qu’on soupçonne mais qui ne viendra pas sous la forme qu’on attendait. Du coup, on est plus proche du climax du Careful With That Axe Eugene (le cri en moins, certes…), référence floydienne que je ne dégaine pas souvent.
C’est sur Isolated Shower qu’on ressent le plus l’envie de coller des arpèges. C’est le morceau le plus mélancolique du coup, intense et plus proche de ce qu’ils ont fait dans le passé.
Cecilia::Eyes fait le pari d’une musique encore plus abstraite, misant sur ses qualités de texture pour que les étiquettes de ressemblances qu’on essayait de faire adhérer de force ne collent plus du tout. C’est aussi un album qui prend son temps pour se révéler. Peu spectaculaire au premier abord, il attend son moment, se tapit dans l’ombre et saura cueillir ceux qui savent attendre. C’est une expérience, une collaboration entre un groupe et son auditorat que propose ce Dissapearance. Sachez-le et appréciez en conséquence. En psychanalyse, tuer le père de façon symbolique peut être vu comme un désir de passer à l’âge adulte. C’est en s’affranchissant que le groupe s’est émancipé.
http://ceciliaeyes.bandcamp.com/
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