mercredi 25 juin 2014, par
Sans trop de tambours et avec un minimum de trompettes, The Antlers revient avec un nouvel album. On se laisse donc gentiment prendre par la main et pouf, quelques notes de piano plus tard, nous voilà donc repartis à l’aventure, dans le brouillard, la vapeur, dans les airs. La magnifique mélodie de Palace s’élève, on est d’emblée enveloppé d’ouate et ça ne changera pas.
La production est encore une fois parfaitement adaptée et tout à fait en adéquation avec l’effet désiré. Le chant reste en retrait dans le mix, et des effets l’entourent. Donc cet aspect tellement humain n’est pas pompier du tout. Et encore une fois, c’est le ressenti qui est le plus important. Alors que des artistes tentant un mélange chaud/froid semblable me laissent… froids (Aaron, Archive souvent), le chant de Peter Silberman trouve pour moi le juste équilibre entre expressivité et émotion. C’est un code, un ensemble de conventions. Une oreille distraite pourrait ranger cette musique dans un r’n’b soyeux, dans une soul blanche et elle n’aurait pas fondamentalement tort.
Surtout qu’ils n’hésitent pas à plonger de temps à autres dans des ambiances ambient/jazzy (Doppelganger) qui me semblent moins touchantes mais qui marquent une pause entre les plus manifestes réussites. Parmi lesquelles on rangera le très beau Director. Le riff désabusé du chorus final est en tous cas très réussi. Cette belle montée en neige poudreuse montre jusqu’où ils sont capables d’aller. C’est sans retenue, mais d’une dignité jamais démentie.
Difficile de défendre les Antlers parce que c’est leur charme discret qui plait tant, leur propension à créer un climat, à susciter des émotions sans presque le vouloir. Des effets un peu plus appuyés, un chant plus effacé encore, et le charme pourrait être rompu. Cet album plus cohérent et uniforme est cependant à deux vitesses, entre ceux où leur style est défendu de façon moins émouvante et d’énormes réussites qui nous hanteront encore longtemps.
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