Accueil > Critiques > 2014

Moonface - City Wrecker EP

mercredi 24 septembre 2014, par marc


Après avoir suivi Spencer Krug pendant plus de 10 ans à travers autant de formations (Moonface bien sûr, mais aussi Wolf Parade,Sunset Rubdown ou Swan Lake), on s’était habitué à une certaine excellence, à un renouvellement occasionnel mais quand il a décidé de se mettre tout seul au piano, on n’avait pas anticipé que ce serait aussi brillant, qu’on serait à ce point touchés. Quelques gros concerts plus tard, le doute n’est plus permis, Julia With Blue Jeans On est une pleine, franche, magnifique réussite. L’EP qui vient de sortir et qu’il semble tentant de considérer comme un prolongement de cet album vaut lui aussi le déplacement. Mais peut-être pas pour les mêmes raisons.

On a l’impression avec The Fog qu’on a quelques morceaux de l’album qu’on n’avait pas identifiés. Mais on distingue néanmoins quelques claviers qui remontent à plus loin, à ce Organ Music Not Vibraphone Like I’d Hoped par lequel on est entré dans le monde plus personnel de Moonface.

L’intensité de Running In Places With Everything explose tout de suite en tous cas, sans attendre. Mais sur la longueur de cet EP (plus longs que certains courts albums), ne vous attendez pas à retrouver la limpidité des hauts faits de Julia, etc… Signe d’essoufflement ? Sans doute pas, même si on se surprend à penser que c’est dans le mouvement et dans le changement qu’il a toujours su rebondir sans jamais se scléroser. D’ailleurs, c’est un disque qui traite du déplacement, du déracinement nécessaire de ceux qui ‘gâchent’ leur milieu de vie. Cet EP a été écrit sur un autre continent que l’album, dans une période de transition, ce qui explique sans doute son côté métastable.

C’est subtil, mais il s’éloigne un petit peu de la nudité du piano seul. Il peut ainsi appuyer de quelques claviers la montée du très long et envoûtant Daughter of a Dove. Il laisse donc libre cours à quelques digressions maitrisées dont cet Helsinki Winter 2013 dont on avait déjà eu deux belles versions en concert.

Alors, la fin d’un cycle pour Spencer Krug ? Peut-être. En tous cas, cet EP se présente sans doute moins comme une rallonge à un album magnifique qu’une amorce de transition. Garder intacte l’intensité pure de son dernier album tout en étoffant sa palette sonore est sans doute son prochain défi. On n’a pas fini de suivre ce garçon décidément bien talentueux.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • The Rural Alberta Advantage – The Rise and The Fall

    En caricaturant, on avait défini le style de Rural Alberta Advantage avec une voix éraillée et une batterie fièrement en avant. Et on a tout ça ici, d’emblée. On se retrouve d’autant plus en terrain connu que les 6 premiers morceaux sont ceux de The Rise EP paru l’an passé. Ce qu’on en a dit tient toujours bien évidemment.
    Mais il y a encore quelques morceaux saignants comme Plague Dogs. C’est (...)

  • Spencer Krug - I Just Drew This Knife

    Les choses sont sans doute un peu plus simples depuis que Spencer Krug officie sous son nom propre mais ce n’est pas ça qui a ralenti sa légendaire productivité. Pour jeter un peu de confusion tout de même, il reprend la route avec Sunset Rubdown...
    La transition de Moonface à Spencer Krug s’est faite en même temps que son apparition sur Patreon. En gros, c’était le versant plus personnel, distillé (...)

  • Metric – Fromentera II

    En général, la productivité d’un.e artiste croit rarement avec les années. Mais il y a des exceptions. Alors que leur rythme était plutôt d’un album tous les trois ans, Metric livre déjà un successeur au Fromentera sorti l’an passé. Il se présente d’ailleurs comme le second volet d’un dyptique. La premier nous avait d’ailleurs laissé une impression très favorable, avec en exergue un dantesque Doomscroller (...)

  • Islands - And That’s Why Dolphins Lost Their Legs

    Peu de groupes ont pu garder une image de sympathie aussi tenace au fil des années. Avec ce neuvième album pour autant de critiques ici, pas de doute, on est en terrain connu. La continuité est aussi assurée par ce line-up inchangé depuis le dernier album et le même Patrick Ford qui assure la production tout comme celle de !!!.
    Ce titre d’album fait une entrée immédiate dans les plus improbables. (...)