mercredi 19 novembre 2014, par
I Can See For Miles, c’est la première phrase du troisième album de Mike Hadreas. Le morceau lui-même est assez classique en son chef, typiquement ce qu’on s’attend à entendre d’un nouvel album de Perfume Genius. Il avait fait le premier tout seul dans sa chambre, avant de prendre un peu l’air en confirmant tout son talent. Visiblement, le monde extérieur lui a fait du bien et ne l’effraie plus. La pochette est déjà une belle indication qu’il ne va pas faire profil bas.
Et dès Queen, l’ampleur est impressionnante. Non, il ne se cantonnera pas aux jolies choses. Alors qu’on le pensait destiné à suivre les traces d’un Antony dont il partage l’amour des belles choses tristes et prenantes, il semble plutôt pencher vers le côté sombre, celui où un James Stewart (Xiu Xiu est tapi dans l’ombre.). Longpig un peu plus lancinant mais non, il n’est pas atteint de synthétite et c’est déjà une bien bonne nouvelle.
Sur My Body on sent qu’il pourrait exploser à tout moment. Mais rien à faire, le malsain presque oppressant de Xiu Xiu n’est pas là. Ce n’est pas un manque, c’est différent, il ne va pas changer du tout au tout non plus. Son chant haut perché est réduit à des bribes sur I’m a Mother, voire même à un cri sur Grid qui devrait quand même décontenancer les personnes uniquement attirées par son petit côté d’oisillon perdu.
Il reste encore quelques jolies choses, ne vous inquiétez pas. C’est d’autant plus rassurant qu’il ne retourne pas sa veste. No Good est un de ses meilleurs morceaux, se contentant dans un premier temps de nappes en fond avant de patiemment remonter sur quelques notes de piano vers une fin vraiment poignante mais sans pathos. On constate quand même que ce sont les chansons à l’ancienne manière (les magnifiques Too Bright et All Along) qu’on préfère. Sans doute parce que plus rares, elles prennent un relief tout particulier.
Non, Perfume Genius ne s’est pas transformé en terroriste sonore. Cependant, ce ne sont plus que quelques jolies choses. Sur la longueur de cet album, il atteint même un bel équilibre. Il y a une foule de manières de grandir et il a décidé de maintenir ses qualités tout en explorant la lisière de sa zone de confort.
Contre toute attente, Perfume Genius rejoint les artistes qu’on salue moins pour les émotions intenses procurées que pour leur démarche et le résultat impeccable. On pense à James Stewart (Xiu Xiu) ou Bradford Cox (Deerhunter, Atlas Sounds). En tous cas, l’évolution est remarquable, et si on aurait bien écouté beaucoup d’albums pareils au premier, l’évolution vers plus de complexité ne s’est pas faite au détriment de sa sensibilité. Mike Hadreas est un grand maintenant, et s’installe certainement pour des années.
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