mardi 25 novembre 2014, par
Duo de Mono
Le plus grandiloquent des groupes de post-rock revient avec deux albums. Pourquoi cette solution plutôt qu’un album double ? Mystère, le public potentiel étant le même et déjà clairement identifié. Notons pour l’anecdote qu’à l’instar des albums The Stage Names et The Stand-Ins d’Okkervil River, les pochettes peuvent s’apposer pour constituer un seul dessin vertical.
On n’est pas là pour faire la fine bouche, quand on se lance dans l’écoute d’un Mono (et a fortiori, de deux Mono), c’est justement s’empiffrer de lyrisme jusque-là. Et The Last Dawn fournit la dose attendue. il est bon de revenir de temps en temps aux classiques, quitte à réécouter des poncifs. The Land Between Tides/Glory frappe juste d’emblée, progressivement, comme un échauffement nécessaire aux longs efforts. Et on sent le vent cinglant sur la falaise, parce que le romantisme puissant est là.
Mais le groupe nippon maitrise son sujet et c’est au piano qu’ils enchainent Katana, avec des guitares languides pour nous confirmer qu’ils ne laisseront jamais vraiment retomber la pression. Les jolis arpèges de Cyclone ne duperont personne, ils sont là pour la mise à feu. Elysian Castles est plus linéaire et pas trop exaltant. Mais rien de rébarbatif non plus. On attend donc logiquement les brouillards de guitare qui interviennent sur Where We Begin.
Voilà, c’est le versant le plus attendu de Mono, où leur lyrisme parfois contenu s’exprime avec le moins de surprise.
Le second volet les voit sortir un peu de leur routine. Pourtant, le premier morceau est tout-à-fait classique en leur chef. Recoil, Ignite ne semble jamais desserrer l’étreinte et génère la plus grosse décharge d’euphorie, se profilant comme le meilleur morceau des deux albums haut la main.
Surrender marque logiquement un tassement sans doute voulu, même si des cuivres maintiennent l’intérêt. Oui, il y a de l’éructation sur That Hand That Holds The Truth. Non, on ne tentera pas de vous faire croire que ces beuglements étouffés de Tetsu Fukagawa (de la formation post-hardcore du soleil levant Envy) constituent le meilleur moment du disque.
The Last Rays montre une face plus bruitiste et abstraite, qu’on a été plus habitués à entendre du côté de groupes comme This Will Destroy You. C’est à la limite du drone, c’en est carrément en fait. Donc ce second volet leur permet de pousser un peu plus loin le bouchon, en dehors de leurs sentiers battus mélodiques. Tout est évidemment relatif puisque les deux albums partagent même quelques points communs, comme commencer par leur meilleur morceau puis relâcher la vapeur.
Un jour je tenterai d’écrire une critique de post-rock uniquement à base de critiques existantes. Vous verrez, ça peut marcher. En attendant, Mono s’offre un faux double album qui laisse libre cours à ses aspirations de toujours (un romantisme un peu désuet mais diablement efficace par moments) tout en s’essayant à quelques tentatives à la marge. De quoi satisfaire les déjà conquis qui écouteront sans se laisser trop surprendre.
La musique, ce n’est pas seulement ce qu’on entend, c’est aussi ce que l’on projette. Fort de cet adage un peu ampoulé, on peut admettre que de la musique instrumentale puisse avoir un contenu politique. Et les Canadiens de Godspeed You ! Black Emperor en connaissent un rayon en la matière. Leur huitième album n’est pas tellement un cri de révolte ou un appel à la paix inenvisageable à l’heure (…)
Ce qui est rare est précieux. Et dans un contexte musical où le post-rock se raréfie, les plaisirs que confèrent une formation comme Mono ne sont pas reproductibes par d’autres genres et deviennent d’autant plus précieux. Mais cette rareté ne confère pas pour autant le statut de chef-d’œuvre au moindre album du genre, loin s’en faut même.
Une fois ces généralisations balancées, penchons-nous (…)
Si on avait croisé le chemin de Vincent Dupas quand il officiait en tant que My Name Is Nobody, on était passés à côté de ce projet qu’il partage avec Jean Baptiste Geoffroy et Jérôme Vassereau (ils sont aussi tous membres de Pneu). Le troisième album en onze sera donc l’occasion de faire la découverte.
On sent dès le début de We Grew Apart que le morceau ne restera pas aussi désolé et de (…)
l y a plusieurs expressions qui attirent immédiatement notre attention. Et big band n’en fait pas vraiment partie. Mais il faut reconnaitre que les effectifs pléthoriques sont aussi une belle façon de susciter l’ampleur. C’est précisément ce qui rend Oootoko immédiatement sympathique.
Impossible donc de valablement tenter le jeu des étiquettes. Même le terme générique de ’musique (…)