samedi 28 mars 2015, par
Oui, de temps en temps on reçoit des objets musicaux non identifiés, ou difficilement identifiables. Cet album relate « les aventures d’un gang de gitans extraterrestres perdus sur notre planète ». Donc non, tout ceci ne sera pas trop sérieux. Par contre, musicalement, le Suisse Anthony-Cédric Vuagniaux maitrise son sujet.
Il revendique d’ailleurs de n’utiliser aucun sample. Visiblement amateur de quelques sons analogiques vintage et de grooves seventies, il laisse libre cours à une imagination trépidante (Tour De la Planète Espace d’un Cauchemar, Marisa). Egalement vidéaste, il produit pourtant une musique suffisamment évocatrice (Mon Corps est Une Arnaque) pour se passer de visuel. On sent que l’aventure est dans sa tête et qu’il arrive à la retranscrire. Les thèmes récurrents accentuant encore le côté ‘musique de film’
Produit, composé et enregistré tout seul comme un grand, ce voyage revigorant montre quand même une limite à l’autarcie. Très peu présente, la voix est quand même clairement à la traine du reste (Le Tango Du Maitre Chanteur), même si on y discerne un peu d’écho des tout premiers Gainsbourg (La Mort de Naïve). Pour le reste, cette bande-son sans image peut devenir celle de votre propre expérience.
http://anthonycedricvuagniaux.com/
On avait laissé Of Montreal sur une bien bonne impression, sur un album qui avait surpris et plu tout à la fois. Parce qu’on s’était aussi rendus compte que parfois, la fantaisie de Kevin Barnes nous crevait un peu.
On retrouve plutôt sa veine précédente, son envie de rock presque seventies et assez groove (Bassem Sabry qui avait servi de single), un space-rock en apensanteur qui dévie en glam (Aluminium Crown). On constate donc le retour de morceaux en évolution constante. Pas de panique, on est encore loin de Paralytic Stalks où le collage gigantesque était indigeste.
De façon assez habituelle chez eux, on oscille entre du plus brut et garage (Chtonkian Dirge Uruk The Other – mon clavier va très bien, merci) et une certaine emphase (Vigilian Lots). Mais si certains moments sont un peu plus rudes (le riff de Monolithic Egress), on aime aussi ce stimulant carrousel (Empyrean Abattoir)
Ce n’est pas un Of Montreal qui surprend, ce n’est pas un Of Montreal qui épuise, c’est un album courant pour ceux à qui le propos camp de Kevin Barnes échappe un peu. Ça peut aussi être une porte d’accès à un univers passablement barré et à découvrir.
Il y a des artistes qui se plaignent sans susciter l’empathie. D’autres arrivent à faire partager leur trouble. A l’instar de Lisa Germano à qui on pense parfois ici, Liz Hysen nous fait partager son trouble. Parfois même, elle va plus loin, suscitant presque le malaise (Two Women) mais ces incartades sont plutôt rares.
Parce que la formation de Toronto (qui a d’ailleurs brièvement compté Owen Pallett dans ses rangs) ne s’égare jamais vraiment. Parfois même elle semble nous semer en route, prenant un malin plaisir à nous emmener où on ne pensait pas aller comme sur le réjouissant stoner psychédélique Temur
Avec la collaboration d’un membre des Great Lake Swimmers (très inspirés ces derniers mois), on pense aussi parfois à une version dérangée des gentils Cocoon. (Mountain Relief). On le voit, Picastro emprunte une large variété de chemins de traverse. Sans jamais perdre l’auditeur qui est invité à partager toutes ces sensations brutes ou subtiles.
https://picastro.wordpress.com/