mardi 31 mars 2015, par
Comme pour la navigation aérienne, la lenteur est une des choses les plus compliquées à réussir. Même des groupes émouvants comme les Tindersticks s’évaporent sans une vitesse minimale. Je n’avais jamais entendu parler The Wite Birch, sans doute parce que la formation norvégienne n’avait plus rien publié depuis 2006 mais le groupe formé autour d’Ola Fløttum vient de prouver qu’il est un des maitres de l’intensité qui n’a pas besoin de fureur.
Il ne faut pas grand-chose à à New York pour nous mettre dans le bain d’un grand album. C’est donc très beau. Très simple aussi, et nous permet de retrouver l’émotion des premiers Spain. Quelques notes de piano sur The Fall, puis un peu de violon, on succombe à cette musique de matin brumeux, en regardant le soleil poindre un café à la main. Sur ce morceau d’ailleurs, la voix peut faire penser à celle de Bill Callahan. Plus haute sur Winter Bride, elle n’est jamais spectaculaire mais d’une justesse dans le ton et l’intensité qui fait mouche.
C’est la voix de Susanna Wallumrød qu’on retrouve sur The Hours. Ce qui n’est pas vraiment étonnant, elle avait déjà su nous enchanter avec des albums presque arrêtés. Ses deux comparses du Magical Orchestra sont aussi de la partie. Alors, la Norvège serait-elle le berceau de la musique douce et forte ? Si on ajoute la stupéfiante Jenny Hval, on en doute peu.
Le nom officieux du genre est le Slowcore et on comprend pourquoi sur le subtilement lourd Lantern. Quand on constate qu’on n’a aucun bémol à formuler sur aucun titre, on ne peut conclure autrement qu’en disant que c’est un grand album, surtout quand les réussites s’empilent. La montée sur rien sur The Hours qui débouche sur de l’émotion, la magnifique intensité de Lamentation qui garde toute sa limpidité malgré les couches de son, tout ou presque séduit. On se souvient alors que Gem Club nous avait plu dans le même registre (surtout sur le premier album). Ici, même quand Winter Bride est répétitif, il emporte l’adhésion. Cette musique ne se sent pas obligée d’être austère pour imposer le respect.
Souvent peu spectaculaire de prime abord à part l’ample final Spring, la musique de The White Birch ne frappe pas bruyamment mais fort et juste. Ce Weight Of Spring réunit tellement de qualités qu’on aime qu’on n’a pu que succomber. Il est parfois bon de se joindre au concert de louanges quand on estime que c’est mérité.
Il est des groupes qu’on écoute encore et pour lesquels on se demande pourquoi on s’inflige ça, déception après inintérêt. Le cas des Tindersticks est un peu différent. Si on ne peut pas prétendre avoir à chaque fois succombé aux charmes d’un album fantastique, il y avait toujours des raisons d’y revenir, de ne pas lâcher l’affaire après 30 (gasp...) années de fréquentation.
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