jeudi 2 avril 2015, par
‘Il y aura un album de Modest Mouse cette année’ est une blague qu’on entend depuis 2007, à un tel point que cette sortie nous prend presque de court. Voici donc contre toute attente raisonnable le successeur de We Were Dead Before The Ship Even Sank.
Le groupe d’Issaquah (de l’autre côté de Lake Washington, vous voyez ?) décide de se rappeler à notre bon souvenir en douceur. Strangers to Ourselves (le morceau) est en effet bien doux, à tel point qu’on ne se rend presque pas compte que c’est bien Isaac Brock qui chante. Il se réserve en fait, plantant dans la foulée le très sautillant Lampshades of Fire lancé en single éclaireur d’un retour tant de fois reporté.
Donc, si vous avez un jour apprécié un de leurs albums au titre alambiqué, pas de raison de bouder son plaisir ici puisque tous les ingrédients sont là. Le chant débraillé d’Isaac Brock qui s’époumone toujours comme si sa survie en dépendait (Be Brave, The Tortoise and The Tourist), une belle ampleur qui les a toujours rendu si attachants (Shit In Your Cut), celle façon de trousser de lentes montées. Et puis cette capacité à ajouter plein d’instruments sans jamais sombrer dans la cacophonie. Sugar Boats en devient très dense, avec un son devenu fatalement un peu gros.
Leur réjouissante lourdeur n’a pas été écornée par les années et on la retrouve sur Of Course We know, placé en fin d’un album comme toujours bien (trop ?) copieux. Ce qui fait que même un rythme lymphatique sur Coyotes ne fait pas gripper la machine. A l’inverse, ils peuvent se montrer légers pour emballer un bien groove The Ground Walks, with Time in a Box.
L’introduction de Pistol nous rappelle leur seul tube patenté (Float On) et que leur album Good News For People Who Like Bad News a déjà onze ans. Et puis on revient au présent pour constater que ce même Pistol est sans doute le morceau le moins plaisant de leur discographie (et la seule vraie scorie de cet album). God Is An Indian and You’re An Asshole prouve qu’ils n’ont rien perdu de leur science du titre et qu’ils peuvent tenter la chanson de feu de camp (forcément) branque.
Strangers To Ourselves aurait pu sortir tel quel en 2009 sans aucune surprise tant on retrouve ce qu’on apprécie chez ce groupe qui aborde toujours les choses avec un cœur gros comme ça. Sans doute moins pourvu en moments épiques, il n’en reste pas moins la petite récompense que les fans n’osaient plus attendre.
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