jeudi 9 juillet 2015, par
Il faut l’avouer, j’étais suspicieux quand est sorti le second album d’Other Lives. Leur musique était en effet trop facile à écouter, ressemblait trop brillamment à trop de choses qu’on a beaucoup aimées. Un concert frappantet un album plus tard, on s’est rendu à l’évidence, il s’agit tout simplement d’un très grand groupe. Le succès critique imparable de Tamer Animals ne s’est visiblement pas renouvelé (Pitchfork ne s’est même pas donné la peine de le relater) pour le pourtant impeccable troisième album. Les modes et autres buzz n’ont jamais rien à voir avec la qualité, c’est un soupçon qui se confirme de jour en jour.
La bande de Jesse Tabish et Jonathon Mooney s’est déplacée de leur Oklahoma natal vers la Mecque de l’indie sensible, à savoir Portland, Oregon. C’est un déménagement logique pour ceux qui comme d’autres cette année nous font découvrir ce qu’est la musique planante de notre époque. Après Patrick Watson et Siskiyou, voici le troisième jalon du genre cette année et successeur d’un EP vraiment magnifique (Mind The Gap).
Et on est en apesanteur dès le premier morceau. Les harmonies sont plus éthérées que celles des Fleet Foxes et la musique est plus étoffée et moderne. On peut d’ailleurs tenter d’en faire le portrait en creux ou par défaut. S’ils aiment la hauteur, on ne sent pas la ferveur plus mystique de Grizzly Bear auquel on pense sur le très bon Need A Line. Non, cette musique ne veut pas vous arracher le cœur, à un tel point que l’évanescence et la légèreté sont à la fois la force et la faiblesse de cet album.
La voix semble osciller entre un Fanfarlo (Beat Primal) et Owen Pallett. D’ailleurs, avec ses violons, la ressemblance sur New Fog avec les albums solo du Canadien est troublante. Mais ils savent varier les effets, s’inspirant de Sigur Ros (une référence assumée du chanteur) ou se servant d’une batterie légère et de cordes pour monter 2 Pyramids en neige. Surtout, il y a quelques tout grands morceaux comme For The Last Time ou Easy Way Out. Du riff d’introduction à la fin soyeuse à souhait, tout sent la majesté et la classe délicate.
Ce déroulement de noms pourrait laisser penser que le groupe manque de personnalité mails il n’en est évidemment rien, c’est tout simplement leur style qui peut s’apposer à beaucoup de choses appréciées par nous. Sans tambours ni trompettes, ce grand groupe court pourtant le risque de n’être pas beaucoup écouté. Ce serait dommage tant il démontre sur la longueur à quoi peut ressembler la musique intéressante de 2015.
Rien que parce que je vous aime bien, une performance à KEXP :
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